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Alfred Papuçiu: La stabilité aux Balkans et l’Europe de Sud - Est
E shtune, 11.05.2019, 09:04 AM
La stabilité aux Balkans et l’Europe de Sud - Est
Alfred Papuçiu
Tout
d’abord je voudrais remercier Monsieur Jayantha Dhanapala et Serge Sur
respectivement Directeur et Directeur adjoint de l’UNIDIR ainsi que tout le
secrétariat de la Fondation Hellénique pour la Défense et la Politique
étrangère de nous avoir invités à Rhodes, la plus grande des îles du
Dodécanèse, qui n’évoque pas seulement un lie idéal de vacances, de culture,
mais aussi un lieu pour nous réunir dans une telle conférence importante pour “
La sécurité européenne dans les années 90 : problèmes de l’Europe de Sud-Est ”.
Au cours des siècles, l’histoire a montré que Rhodes a été a plusieurs reprises
ravagée et pillée par des envahisseurs. Mais la “ capitale de l’Europe ” comme
nos amis hospitaliers grecques l’appellent a résisté et elle est devenu un
grand centre politique, commercial, touristique et de par son histoire nous
donne un exemple de coopération que nous pouvons promouvoir ensemble, soit
venus des pays des Balkans et en dehors des Balkans.
Puisque
nous sommes tous venus ici à titre individuel, en non comme représentants
officiels des divers pays ou organismes internationaux, je me permets de dire
quelques mots sur le sujet abordé, pour exprimer mes points de vue personnels
dans le cadre de la discussion générale.
Je
voudrais souligner que l’initiative de l’UNIDIR et de ELIAMEP est très propice
dans ce sens : l’évolution de la situation en matière de sécurité
internationale au plan mondial mais aussi régional est très rapide. Compte tenu
des derniers événements survenus en Europe de l’Est et dans la perspective de
nouveaux changements démocratiques qui auront des incidences au niveau des pays
et des régions entiers, il est vraiment nécessaire de faire le point de la
situation dans les Balkans. L’histoire a montré que les Balkans ont été l’enjeu
des deux guerres mondiales dont tous les pays balkaniques ont beaucoup
souffert. Aussi a-t-elle montré que la sécurité véritable et durable en Europe
ne peut pas être instauré et assurée sans que la sécurité aux Balkans soit
réelle. Mais cette sécurité serait imparfaite et fragile si on veut la réaliser
seulement sur le plan militaire, sans l’appuyer solidement sur des rapports
stables. Nous sommes ici pour donner une contribution ensemble, pour en finir
une fois pour toute avec ce qu’on entend souvent dans les journaux “ la
balkanisation ”, pour qu’ils nous montrent que nous vivons dans une zone
incertaine. Des progrès importants ont été réalisés et les pays balkaniques
sont engagés à travailler de toutes leurs forces dans le sens de la paix et de
l’entente dans le Sud de l’Europe. L’optimisme qui fleurit un peu partout doit
devenir une réalité et les idées avancées doivent favoriser la stabilité dans
les Balkans. Les problèmes qu’affronte l’Europe balkanique, comme le qualifie
un document du prestigieux Institut des
Nations Unies pour la Recherche sur le Désarmement (UNIDIR) sont immenses : en
commençant par les problèmes de minorités, de frontières, des tensions et des
contentieux inter- étatiques bilatéraux, de l’environnement, mais surtout, même
du point de vue de sécurité, des problèmes du développement économique. Surtout
ce problème qui préoccupe depuis longtemps l’Europe du Sud-est – une zone de
contact et de coopération avec l’Europe toute entière et le monde, provoque des
migrations, tensions et peut-être le danger d’une guerre. Pour cela les efforts
qui ont été faits au cours des réunions des ministres des affaires étrangères
des pays des Balkans, témoignent de la nécessité non seulement de l’échange des
points de vue comme c’est le cas ici à Rhodes, mais aussi des pas concrets
qu’il faut entreprendre. Cela pourrait être réalisé non seulement par les
réunions de ces ministres, ou des hauts fonctionnaires respectivement dans leur
capitale pour les problèmes de la sécurité, mais aussi surtout pour promouvoir
la coopération économique et dans le domaine de l’environnement. A part la
Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe, le Conseil de
l’Europe, les initiatives de coopération multilatérale dans le cadre de
Pentagonale etc., doivent être élargis. Personnellement, je pense que nous
devons utiliser l’UNIDIR à Genève et d’autres organismes de coopération
régionale qui auront un poids toujours plus important dans l’édification d’une
Europe nouvelle. Je pense que l’UNIDIR pourrait organiser des réunions
périodiques non seulement dans ce beau pays hospitalier qu’est la Grèce, mais
aussi dans d’autres pays, ainsi qu’à Genève, à l’avenir. Je pense que l’un des
organismes régionaux approprié à l’organisation de tels genres d’activités est
la Commission Economique de l’ONU pour l’Europe. Par ma propre expérience je me
suis persuadé qu’il y a de larges possibilités de coopération dans le cadre de
la sécurité européenne et surtout pour résoudre les problèmes économiques des
pays de l’Europe du Sud-est si on sait trouver un langage commun pour
promouvoir aussi la marche vers la démocratie mais surtout pour promouvoir les
échanges économiques des pays des Balkans ou de l’Europe du Sud-Est. La
Commission Economique pour l’Europe représente un organisme où les six pays des
Balkans peuvent coopérer et profiter de son assistance. Pourquoi ? On peut
réaliser des projets dans le domaine de l’économie, du commerce, de l’énergie
et de l’environnement, entre autres domaines que la CEE couvre qui présentent
de l’intérêt pour les pays de l’Europe du Sud-Est. D’ailleurs, même le
Secrétaire exécutif de la Commission Economique pour l’Europe, Gérald Hinteregger au cours de la dernière session
de la CEE, en avril dernier, a lancé l’idée d’une telle alternative. Il y a
déjà une expérience fructueuse dans l’interconnexion des réseaux d’électricité
des pays balkaniques.
Nous
sommes réunis ici en tant qu’experts mais d’une manière que chacun connaît
mieux les problèmes du pays d’où il vient et des efforts qui doivent être faits
pour choisir les mécanismes internationaux qui peuvent assurer une concertation
des efforts. Puisque la CEE en tant qu’organisme de l’ONU est réuni
régulièrement à Genève, les représentants des pays balkaniques mais aussi des
autres pays européens etc., qui coopèrent avec l’Europe du Sud-est, peuvent,
par l’intermédiaire de la Commission, organiser des réunions périodiques en vue
de réaliser des projets qui pourraient jouir de l’assistance de la CEE, du PNUD
mais également des pays donateurs, intéressés à promouvoir le commerce, la
coopération dans le domaine de l’énergie, de l’environnement, du tourisme etc.
Il
y a encore de graves problèmes qui se posent pour l’Europe du Sud-est, tels que
les problèmes de l’insécurité politique ou militaire, mais surtout économiques.
Ces pays sont plus pauvres en comparaison avec les autres pays européens : il
existe encore un certain protectionnisme à l’encontre de ces pays dans les
échanges commerciaux régionaux. Ces pays n’ont pas le même niveau de vie avec
le reste de l’Europe. Alors il ne serait pas juste de penser que l’on puisse
réaliser la sécurité européenne sans savoir à tenir compte de la sécurité de
l’Europe du Sud-Est. L’histoire témoigne que s’il y a plus de problèmes de
minorités, de l’insécurité politique, du passage vers la démocratie avec un peu
de souffrance, cela est le reflet du manque de développement économique
nécessaire de ces pays. C’est pour cela que, au lieu de dépenser des sommes
énormes pour tuer des gens, au lieu de produire de nouvelles armes classiques
plus sophistiquées qui sont utilisées actuellement même dans de tels pays qui
ont accepté la Charte d’Helsinki, il faut penser à la paix sociale, économique,
pour en finir avec la pollution qui frappe d’une manière acharnée nos côtes,
nos forêts, nos belles villes et campagnes, nos contrées méditerranéennes,
etc.…Je partage entièrement l’idée exprimée ici par le distingué Ambassadeur
Todor Ditchev quand il dit : “ Nous avons une priorité. Nous devrons aller en
avant en matière technologique, énergétique et non militaire ”.
Je
remercie encore une fois l’UNIDIR et l’ELIAMEP qui nous ont donné la
possibilité d’échanger nos opinions, ainsi que d’essayer à trouver un langage
commun et à renoncer à certains clichés du passé et aux rancunes du temps de la
guerre froide. Nous devons agir avec un sens élevé de responsabilité non
seulement pour pouvoir faire face aux problèmes très préoccupants de
l’actualité, mais aussi pour faire notre devoir envers les futures générations,
pour ne pas leurs léguer des problèmes difficiles à résoudre à cause de
l’accumulation des erreurs et des faux pas dans la politique d’aujourd’hui.
Publié dans “ UN publications : “ Actes de la Conférence de
Rhodes ”(1991) : “ Les problèmes des pays du Sud - Est de l’Europe ”. Genève
1991.