| E marte, 05.05.2009, 04:20 PM |
La stabilité aux Balkans et l’Europe de Sud - Est
Alfred Papuçiu
Tout d’abord je voudrais remercier Monsieur Jayantha Dhanapala et Serge Sur respectivement Directeur et Directeur adjoint de l’UNIDIR ainsi que tout le secrétariat de la Fondation Hellénique pour la Défense et la Politique étrangère de nous avoir invités à Rhodes, la plus grande des îles du Dodécanèse, qui n’évoque pas seulement un lie idéal de vacances, de culture, mais aussi un lieu pour nous réunir dans une telle conférence importante pour “ La sécurité européenne dans les années 90 : problèmes de l’Europe de Sud-Est ”. Au cours des siècles, l’histoire a montré que Rhodes a été a plusieurs reprises ravagée et pillée par des envahisseurs. Mais la “ capitale de l’Europe ” comme nos amis hospitaliers grecques l’appellent a résisté et elle est devenu un grand centre politique, commercial, touristique et de par son histoire nous donne un exemple de coopération que nous pouvons promouvoir ensemble, soit venus des pays des Balkans et en dehors des Balkans.
Puisque nous sommes tous venus ici à titre individuel, en non comme représentants officiels des divers pays ou organismes internationaux, je me permets de dire quelques mots sur le sujet abordé, pour exprimer mes points de vue personnels dans le cadre de la discussion générale.
Je voudrais souligner que l’initiative de l’UNIDIR et de ELIAMEP est très propice dans ce sens : l’évolution de la situation en matière de sécurité internationale au plan mondial mais aussi régional est très rapide. Compte tenu des derniers événements survenus en Europe de l’Est et dans la perspective de nouveaux changements démocratiques qui auront des incidences au niveau des pays et des régions entiers, il est vraiment nécessaire de faire le point de la situation dans les Balkans. L’histoire a montré que les Balkans ont été l’enjeu des deux guerres mondiales dont tous les pays balkaniques ont beaucoup souffert. Aussi a-t-elle montré que la sécurité véritable et durable en Europe ne peut pas être instauré et assurée sans que la sécurité aux Balkans soit réelle. Mais cette sécurité serait imparfaite et fragile si on veut la réaliser seulement sur le plan militaire, sans l’appuyer solidement sur des rapports stables. Nous sommes ici pour donner une contribution ensemble, pour en finir une fois pour toute avec ce qu’on entend souvent dans les journaux “ la balkanisation ”, pour qu’ils nous montrent que nous vivons dans une zone incertaine. Des progrès importants ont été réalisés et les pays balkaniques sont engagés à travailler de toutes leurs forces dans le sens de la paix et de l’entente dans le Sud de l’Europe. L’optimisme qui fleurit un peu partout doit devenir une réalité et les idées avancées doivent favoriser la stabilité dans les Balkans. Les problèmes qu’affronte l’Europe balkanique, comme le qualifie un document du prestigieux Institut des Nations Unies pour la Recherche sur le Désarmement (UNIDIR) sont immenses : en commençant par les problèmes de minorités, de frontières, des tensions et des contentieux inter- étatiques bilatéraux, de l’environnement, mais surtout, même du point de vue de sécurité, des problèmes du développement économique. Surtout ce problème qui préoccupe depuis longtemps l’Europe du Sud-est – une zone de contact et de coopération avec l’Europe toute entière et le monde, provoque des migrations, tensions et peut-être le danger d’une guerre. Pour cela les efforts qui ont été faits au cours des réunions des ministres des affaires étrangères des pays des Balkans, témoignent de la nécessité non seulement de l’échange des points de vue comme c’est le cas ici à Rhodes, mais aussi des pas concrets qu’il faut entreprendre. Cela pourrait être réalisé non seulement par les réunions de ces ministres, ou des hauts fonctionnaires respectivement dans leur capitale pour les problèmes de la sécurité, mais aussi surtout pour promouvoir la coopération économique et dans le domaine de l’environnement. A part la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe, le Conseil de l’Europe, les initiatives de coopération multilatérale dans le cadre de Pentagonale etc., doivent être élargis. Personnellement, je pense que nous devons utiliser l’UNIDIR à Genève et d’autres organismes de coopération régionale qui auront un poids toujours plus important dans l’édification d’une Europe nouvelle. Je pense que l’UNIDIR pourrait organiser des réunions périodiques non seulement dans ce beau pays hospitalier qu’est la Grèce, mais aussi dans d’autres pays, ainsi qu’à Genève, à l’avenir. Je pense que l’un des organismes régionaux approprié à l’organisation de tels genres d’activités est la Commission Economique de l’ONU pour l’Europe. Par ma propre expérience je me suis persuadé qu’il y a de larges possibilités de coopération dans le cadre de la sécurité européenne et surtout pour résoudre les problèmes économiques des pays de l’Europe du Sud-est si on sait trouver un langage commun pour promouvoir aussi la marche vers la démocratie mais surtout pour promouvoir les échanges économiques des pays des Balkans ou de l’Europe du Sud-Est. La Commission Economique pour l’Europe représente un organisme où les six pays des Balkans peuvent coopérer et profiter de son assistance. Pourquoi ? On peut réaliser des projets dans le domaine de l’économie, du commerce, de l’énergie et de l’environnement, entre autres domaines que la CEE couvre qui présentent de l’intérêt pour les pays de l’Europe du Sud-Est. D’ailleurs, même le Secrétaire exécutif de la Commission Economique pour l’Europe, Gérald Hinteregger au cours de la dernière session de la CEE, en avril dernier, a lancé l’idée d’une telle alternative. Il y a déjà une expérience fructueuse dans l’interconnexion des réseaux d’électricité des pays balkaniques.
Nous sommes réunis ici en tant qu’experts mais d’une manière que chacun connaît mieux les problèmes du pays d’où il vient et des efforts qui doivent être faits pour choisir les mécanismes internationaux qui peuvent assurer une concertation des efforts. Puisque la CEE en tant qu’organisme de l’ONU est réuni régulièrement à Genève, les représentants des pays balkaniques mais aussi des autres pays européens etc., qui coopèrent avec l’Europe du Sud-est, peuvent, par l’intermédiaire de la Commission, organiser des réunions périodiques en vue de réaliser des projets qui pourraient jouir de l’assistance de la CEE, du PNUD mais également des pays donateurs, intéressés à promouvoir le commerce, la coopération dans le domaine de l’énergie, de l’environnement, du tourisme etc.
Il y a encore de graves problèmes qui se posent pour l’Europe du Sud-est, tels que les problèmes de l’insécurité politique ou militaire, mais surtout économiques. Ces pays sont plus pauvres en comparaison avec les autres pays européens : il existe encore un certain protectionnisme à l’encontre de ces pays dans les échanges commerciaux régionaux. Ces pays n’ont pas le même niveau de vie avec le reste de l’Europe. Alors il ne serait pas juste de penser que l’on puisse réaliser la sécurité européenne sans savoir à tenir compte de la sécurité de l’Europe du Sud-Est. L’histoire témoigne que s’il y a plus de problèmes de minorités, de l’insécurité politique, du passage vers la démocratie avec un peu de souffrance, cela est le reflet du manque de développement économique nécessaire de ces pays. C’est pour cela que, au lieu de dépenser des sommes énormes pour tuer des gens, au lieu de produire de nouvelles armes classiques plus sophistiquées qui sont utilisées actuellement même dans de tels pays qui ont accepté la Charte d’Helsinki, il faut penser à la paix sociale, économique, pour en finir avec la pollution qui frappe d’une manière acharnée nos côtes, nos forêts, nos belles villes et campagnes, nos contrées méditerranéennes, etc.…Je partage entièrement l’idée exprimée ici par le distingué Ambassadeur Todor Ditchev quand il dit : “ Nous avons une priorité. Nous devrons aller en avant en matière technologique, énergétique et non militaire ”.
Je remercie encore une fois l’UNIDIR et l’ELIAMEP qui nous ont donné la possibilité d’échanger nos opinions, ainsi que d’essayer à trouver un langage commun et à renoncer à certains clichés du passé et aux rancunes du temps de la guerre froide. Nous devons agir avec un sens élevé de responsabilité non seulement pour pouvoir faire face aux problèmes très préoccupants de l’actualité, mais aussi pour faire notre devoir envers les futures générations, pour ne pas leurs léguer des problèmes difficiles à résoudre à cause de l’accumulation des erreurs et des faux pas dans la politique d’aujourd’hui.
Publié dans “ UN publications : “ Actes de la Conférence de Rhodes ”(1991) : “ Les problèmes des pays du Sud - Est de l’Europe ”. Genève 1991.