Zemra Shqiptare

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Alfred Papuçiu: Le Journal d’un médiateur culturel « raté »

| E marte, 11.08.2009, 08:30 PM |


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Le Journal d’un médiateur culturel « raté »


Alfred Papuçiu

Le destin a amené qu’au courant de ma vie j’ai été témoin et quelques fois acteur, ainsi que j’ai participé à maints d’événements importants, pendant ma jeunesse, quand j’ai commencé mon travail en tant que journaliste, ainsi que plus tard, quand les chemins de la vie m’ont amené à New York, dans les conférences et des réunions internationales, surtout dans la Genève multiethnique, comme diplomate et fonctionnaire international indépendant. Souvent, quelqu’un de mes bons amis, avant et même maintenant, m’a poussé et me pousse d’écrire mes souvenirs, d’un médiateur culturel, parce que des années durant, en même temps que la publication des livres, ou la consultation pour des publications avec les organisations internationales, j’ai participé à de centaines de consultations, en réalisant le trialogue : médecin-patient-traducteur. Un travail qui m’a donné un plaisir particulier, parce que j’ai donné ma contribution modeste, pour traduire « mots-a –mots » les propos du médecin, de l’assistant social, du juriste, adressés à une femme ou à un homme, à un enfant ou à un adolescent qui est venu du Kosova, de l’Albanie ou de la Macédoine. J’ai eu « une clientèle » à plein temps, en travaillant surtout pendant les années 2000-2003, plus qu’il fallait. Non pas pour gagner de l’argent, mais simplement pour aider surtout ces groupes de kosovars qui venaient au début en montant « des skafs », en Italie pour arriver en Suisse.

J’ai décidé de « construire » ce Journal, non pas pour évoquer mes souvenirs ( ceux qui m’intéressent seulement à moi et peut-être à une partie de ma famille que j’écris, mais je les garde pour moi-même)  mais pour afficher un témoignage de l’énorme travail qu’on fait en Suisse, pour intégrer les étrangers, que je remarque de mes propres yeux, même ici à la Clinique Genevoise de Montana…

Je commencerai ces souvenirs en parlant du présent, et après je mettrai noir sur blanc ceux du passé. C’est pour cette raison que je les ai intitulés « Journal d’un médiateur culturel « raté », parce que je suis dans cette Clinique, à présent, comme patient. Je crois que mon ami noble, Gëzim Marku et le staff de « Zemra Shqiptare » me donneront le plaisir d’inclure dans le numéro de ce soir, le 11 août 2009, tout ce texte, qui sera lu aussi par mes amis ici, des nations diverses et qui sont déjà habitué de lire notre site. Souvent, je dois leur traduire les sujets, mais aussi grâce à Gëzim, « Zemra Shqiptare » (Le cœur Albanais ou Albanian Heart) a des textes en anglais ou en français. Donc, j’invite mes amis étrangers de nous envoyer leurs textes, comme a souhaité mon ami marocain, Moulay, ainsi que M. Arzuman que je lui dis qu’il est cousin du chanteur et l’ambassadeur arménien auprès des Nations Unis ainsi qu’auprès de la Confédération Helvétique. Un chanteur qui bien qu’il a un âge avancé chante et contribue pour la cause arménienne auprès des nations du monde entier.

Pendant des années, j’ai donné conseil à des centaines de patients et de mes bons amis, surtout de Kosova, qui m’écoutaient et qui me téléphonaient. Nous nous réunissions ensemble dans les fêtes, mais maintenant ce sont les autres qui me soignent. Est-ce que peut-être j’ai travaillé plus qu’il faut ou j’ai subi un burnout ? Je garderai la vérité pour moi-même, parce que cela est une question personnelle et je ne veux pas toucher mes êtres les plus chers pour moi dans ce monde. Cs derniers temps, j’ai eu quelques propositions, pour aller près de X personne dans un autre pays, ou même dans ma patrie, à Tirana  où je suis né et j’ai vécu jusqu’à l’âge de 40 ans. Ou encore à Fieri de mes parents. Je n’ai pas encore décidé quelle direction prendra ma vie, parce que pour le moment, je suis patient et non pas médiateur culturel « raté ».

30 juillet : Nous partons, 8 personnes avec le minibus de Pierre pour Crans- Montana. Le trajet est long, mais le chauffeur professionnel veut qu’on arrive absolument à 12.15 à la Clinique. Ainsi pendant 3 heures de trajet, il ne s’arrête pas du tout pour fumer une cigarette. Seulement, quand nous arrivons là-bas, j’ai la possibilité de fumer une cigarette « Prestige » que Georges me les a achetés. L’Equipe de la Clinique, présidé par Monsieur Jean-Pierre Blanc nous sert le jus d’orange et le café de bienvenu. Nous n’avons pas le droit de boire un verre de vin, et c’est logique parce qu’on est dans une clinique pour se soigner et pas à l’hôtel. Nous nous sommes installés dans des chambres à deux lits. Je suis avec le technicien dentiste, Gilles Jolly, un homme noble de 60 ans, avec des cheveux gris, avec lequel je serai ici à la Clinique Genevoise de Montana, pendant trois semaines. Tout est parfait. La nourriture, le service, les soins de l’équipe des médecins et des infirmières. L’infirmier en chef, Monsieur Henk Verloo nous attend, souriant. Il me rappelle mon ami, Sergio Vieira de Mello, qui a été Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, administrateur des Nations Unies au Kosovo et malheureusement pendant son parcours admirable, comme représentant des Nations Unies en Irak, il a été tué le 19 août 2003. Monsieur Henk a la même stature comme Sergio et j’ai parlé avec lui pendant une demi-heure franchement, comme je parlai avec Sergio quand il était au HCR à Genève. M. Henk Verloo m’a dit qu’on fait tout ici pour assurer un service 24 heures sur 24 et on répond à toutes les demandes des patients.

J’ai commencé la médication intensive avec l’insuline selon les médecins d’ici. Cela était aussi le souhait de mes deux amis : Professeur Jean-Philippe Assal et Isuf Kalo. Entretemps, j’ai des médicaments pour l’hypertension, ainsi que pour l’arthrose dans les genoux. Aussi, j’ai pris avec moi la canne, un cadeau de mon ami belge Hélène Chassaing. Sur ma commode, j’ai mis les photos de mes très chers enfants, Gent et Nausika. Entre-temps, la doctoresse du deuxième étage, Lina Baumann, une femme sympathique, avec des cheveux noirs et la cheffe de la clinique, Simona Mateicius, me rendent visite et me souhaitent la bienvenue.

La cheffe de la clinique me dit que le professeur Assal lui a téléphoné et il est très inquiet concernant les valeurs de ma glycémie. Nous « signons » ensemble un contrat, qu’à part le fait que je dois prendre en main ma médication, je dois entendre les conseils du personnel médical. Est-ce que je tiendrai la parole, en étant un peu « rebelle » ?!

 J’ai une sympathie particulière pour cette doctoresse, laquelle bien qu’elle est jeune, maitrise d’une façon parfaite sa profession, surtout pour le Diabète. Quand j’étais dans la Clinique du Professeur Assal et du Professeur Golay, j’ai feuilleté plusieurs de ses études avec ses collègues sur le Diabète. Mon « pote », Jean-Philippe (parce qu’il n’aime pas que je l’appelle Professeur) m’a parlé d’elle avec ses superlatifs. Et quand il affiche son opinion positive, je sais que cela vient de sa connaissance profonde de la profession qu’il exerce depuis des décennies.

31 juillet. 7 heures du matin. L‘infirmière vient pour me mesurer la glycémie. Je suis habitué à dormir jusqu’à tard le matin, dans mon appartement à Genève, mais ici je dois obéir à la vie dans la Clinique et à l’horaire décidée. Je vais commencer la séance de la « bicyclette ». Seulement 15 minutes, le premier jour. Je remarque tout de suite le résultat, parce que la glycémie baisse de 14 avant l’effort, à 9.5 après l’effort. Un peu plus tard, l’après-midi, je suis allé, avec le groupe de 6 personnes à « La Clinique Bernoise de Montana » pour faire l’Aquagym, ainsi que la natation. Gyslène, une femme blonde et très sympa est notre professeure, toujours souriante. Ici c’est un véritable miracle, parce que j’oublie les problèmes et les soucis de la journée.

Nous rentrons à la Clinique, où sont installées 80 personnes, surtout des patients de Genève. La Clinique a été créée en 1903 et c’est une institution de santé publique, spécialisée dans la médecine interne, ainsi que de la réadaptation physique et psychologique. Il y a 80 lits et 100 collaborateurs. 1200 patients viennent chaque année dans cette clinique, où sont soignés et reposent, dans un milieu aménagé parfaitement, avec un jardin plein de fleurs et devant nous sont les montagnes de la Suisse, ainsi qu’en bas nous regardons le lac bleu. Ici, dans les années 30 sont venus pour être soignés, même nos compatriotes, surtout ceux qui avaient des possibilités de couvrir leur convalescence. Tandis que nous, nous avons la chance, parce que l’assurance maladie, dans mon cas Hélsana, couvre la majorité des dépenses de mon séjour. L’Equipe médicale est dirigée par un médecin-chef, Dr. Olivier Berclaz, qui est un parfait spécialiste pour la médecine interne, la médecine physique et de la réadaptation. Il y a ici 50 spécialistes qui assurent le suivi médical des patients : des médecins, des infirmières, des psychologues, des diététiciennes, une laborantine, des professeurs de la gymnastique aquatique, une  pharmacienne, un radiologue, ainsi qu’un personnel de service. La qualité  de l’accueil des patients, excellence des soins et transparence dans la communication, constituent les valeurs clés et la carte de visite de la Clinique.

1 août. Dans le beau jardin de la Clinique est organisée la fête du Premier Août. La nourriture est abondante, comme chaque jour, mais aujourd’hui en plus il y a de la « grillade », et la Fondue suisse connue mondialement. Le seul « bémol » négatif : on ne nous sert pas le vin blanc du Valais, qui est connu partout dans le monde. Le médecin en chef, Olivier Berclaz, très sympathique et sérieux, me dit en confidence que cette possibilité a été abordée, mais puisqu’une partie des patients aiment le vin et une partie non, on a décidé pour le moment, de ne pas le servir. De toute façon, ici c’est une clinique des soins et pas un hôtel et la décision est très juste. Aussi, pour ne pas créer des précédents, surtout pour ceux qui sont alcooliques.

2 août. Ce soir, à 22.00 heures, quand les autres sont allés au lit, moi je reste devant l’ordinateur, ici dans la salle de la Bibliothèque, très riche en livres, pour vous parler de tous ces gens qui m’entourent, des diverses nationalités et religions, des diverses cultures, des suisses, italiens, français, hollandais, américains, polonais, arméniens, mais aussi des bosniaques, croates et des albanais.  Ursula, Maria, Amélia, Lourdes, Ayman, Gordana, Moulay, Gilles, Patrick, Arzuman, Grégoire, Livia, Alain, Liana…Chacun d’eux a son histoire et je « remue » petit à petit, avec mes questions, concernant leurs vies. Je vous parlerai de Georges, aide-médecin, qui en souriant me dit que la cheminée en face de la Clinique a été élevée pendant des années, parce que « elle ne suffisait pas pour le Père Noël pour mettre ses cadeaux » pour les enfants qui y habitaient. Une année, les cadeaux étaient beaucoup et on voyait une partie hors de la cheminée. Mais l’année passée, à cause de la crise mondiale, qui a été sentie même en Suisse, la cheminée n’a pas été complètement remplie de cadeaux. Aussi, il me souligne : «  Est-ce que tu sais, Alfred, pourquoi le Père Noël n’est pas marié ? ». J’ai haussé les épaules, elle il m’a répondu : « Le Père Noël n’a pas de femme, parce qu’elle n’est pas un cadeau » ?! Un peu exagéré quand même quand on sait que les femmes représentent la moitié de la Planète et souvent elles sont un cadeau pour chaque homme…

3 août. Mon ami finlandais, avec lequel, j’ai travaillé dans les organisations internationales est venu et nous nous sommes retrouvés au restaurant du « PMU », où on voit les montagnes valaisannes. Nous nous saluons et nous nous asseyons. La garçonne sympa arrive comme chaque matin qu’elle me sert « le ristrette » qui me rappelle Rome. Je m’adresse à mon ami : « Qu’est-ce que tu aimerais commander ? ». Lui, étonné, me dit : « Nous nous sommes rencontrés pour discuter, ou pour manger ? ». Je me suis rappelé que les finlandais ont comme habitude, ainsi qu’au passé chez « Le grand Café » a Skutari (Shkodra) en Albanie, que les gens restaient assis devant ne table en discutant durant des heures devant une tasse de café.

4 août. Dans ce Journal, je vous parlerai de Crans-Montana, construite dans les montagnes et les collines de Valais, où viennent des milliers de touristes, non pas seulement de la Suisse, mais aussi des russes, des allemands, des autrichiens, des koweitiens et arabes en général, des américains, des hollandais, des italiens…Mon voisin de la chambre 210, Gilles, voudrait que sa femme, une ex-championne de gymnastique en Pologne, reste une nuit à Crans-Montana, près de la Clinique Genevoise, mais les prix varient de 250 francs suisses et elle atteignent jusqu’à quelques milles francs par nuit. Je vais vous parler de cette noble et belle albanaise, de 45 ans, de Korça en Albanie, où j’ai commencé ma carrière comme prof. de langues. Elle est venue en Suisse dans les années 90, quand les frontières albanaises ont été ouvertes, grâce aussi aux auspices des Nations Unies. Je me rappelle des entretiens à Genève, avec M. Mistoura, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Perez de Cuellar quand il devait se rendre en Albanie, ainsi qu’à son retour. Il me parlait avec admiration des Albanais.

La femme albanaise Elda (nom fictif) a trois enfants et elle était émue quand je lui ai donné deux de mes livres. Ses trois enfants, bien qu’ils soient intégrés dans la société suisse, parlent l’albanais. Est-ce qu’on peut trouver mieux que cela, que notre jeune génération, bien qu’elle soit née, hors des frontières de l’Albanie, garde sa langue maternelle et la parle même en Suisse?  La ministre des Affaires Etrangères  Madame Micheline Calmy-Rey, dans sa lettre, m’avait remercié pour mon rôle de médiateur culturel, ainsi que pour mes articles, où j’ai affiché mon admiration pour la politique suisse qui respecte la culture, la langue et les coutumes des représentants des diverses nationalités qui composent maintenant la société suisse.

Elda me raconte sa vie, pour les souffrances pendant la période de la dictature d’Enver Hoxha, pour ses parents qui sont installés en Grèce et elle ne les a pas vus depuis des années. Elle pleure et raconte de nouveau. En gardant son intimité, ainsi que des centaines de filles et de femmes du Kosovo, qu’elles aussi ont souffert du régime sanguinaire de Milochevic, beaucoup d’histoires douloureuses, moi, je les écris, mais je ne veux pas les publier. Elles sont des récits personnels, elles contiennent aussi l’histoire de ma vie, surtout ces derniers mois, d’un médiateur culturel, d’un traducteur « raté ». Non pas parce que je ne sais plus traduire, mais parce que « j’ai échoué » complètement dans ma vie personnelle. Et moi, j’ai eu le culot de donner des conseils et du courage aux autres, à ces centaines de patients. J’avais partagé la douleur avec eux, mais à présent, je n’ai pas le courage de partager la mienne avec les autres.

5 août. Aujourd’hui, Maria l’italienne, avec les paumes rouges et belle, qui est marié avec un de mes amis Albanais, ainsi que Lourdes espagnole avec son chapeau qui lui va à merveilles, m’ont aidé à faire la lessive. Même le repassage. Une solidarité remarquable ici à la Clinique Genevoise de Montana qui me rappelle les années 1981 jusqu’à 1987, quand j’allais chaque année, pendant trois mois,  à l’Assemblée Générale de l’ONU à New York et les femmes à la Mission Albanaise nous aidaient non pas seulement pour la lessive, mais aussi pour préparer des plats délicieux.

 Mario, l’informaticien a remarqué que mon ordinateur a des virus. Il les a effacés, mais il reste encore le virus de « Troya ». Il va essayer de le « détruire ». Ma peur est que ces bandits qui entrent dans les « fenêtres » personnelles, ainsi qu’à essayé d’entrer dans la vie personnelle de mes compatriotes, celui que je l’appelle « celui qui n’est pas comme nous » et qui porte une dent en or (j’ai décidé de ne plus parler de lui, selon le conseil de mon ami, médecin, Ëngjëll le dermatologue) peuvent me saisir aussi mes notes intimes. C’est pour cela, je suis en train de les écrire dans un bloc de notes et je les laisserai à mon fils, Gent. Est-ce que je dois ne pas parler pour cette femme, avec des cheveux gris, d’Orlando aux USA, une ville qui m’a beaucoup plu et je me rends de temps à autres quand je vais à Clearwater. Elle chante très bien devant nous, comme elle a chanté avec des groupes de musiciens, quand elle a été jeune, en Suisse et ailleurs. Elle a des mains d’or et elle est une rare informaticienne et consultante à de maintes organisations internationales. Elle fait tout pour arrêter de fumer et elle m’incite à faire la même chose. Ici à la Clinique, je remarque une solidarité qui est inculqué par l’Equipe quand je remarque que tous essayent à donner des conseils à l’un l’autre. Chaque matin, tu peux voir le Directeur de la Clinique, l’honorable Monsieur Jean-Pierre Blanc qui prend le café avec son staff, soit t’il de service. Un respect pour cet homme qui a plusieurs années à la direction de cet établissement médical public qui n’est pas facile à être géré.

La « Bicyclette » est en train de donner ses fruits. Les valeurs de la glycémie baissent après l’effort. Mais souvent, ces valeurs montent, à cause de l’angoisse qui me hante : mon problème intime encore non-résolue me suit partout. Même quand je vais au bord du lac…Il me paraît que je partirai de ce monde, sans être compris…

6 août. L’Equipe médical ici, est 24 heures sur 24, à notre service. La préoccupation que j’ai eu hier soir, et qui a causé l’hypertension et de la glycémie, a donné comme résultat que les infirmières et la doctoresse étaient près de moi, chaque heure. Jusqu’à ce que je me suis endormi et les rêves m’ont amené à de merveilleux souvenirs. J’ai vu dans mes rêves, mon inoubliable père, Tuni, comme s’il m’a encouragé de faire face à la vie et de la prendre comme elle est en vérité. Dans le « Fumoir », après 21.30, un patient a écris en français : « La vie est comme une cigarette qui s’éteint, les cendres sont l’amour, et la fumée est celle qui reste ».

 J’ai participé au colloque pour « l’Hypertension ». C’st le médecin en chef, Dr. Olivier Berclaz qui l’anime. Il explique clairement, avec un langage simple et tous nous n’avons pas remarqué l’heure de la fin du cours. Je voudrais réaliser avec lui un Interview concernant sa vie tumultueuse et plein de souvenirs. Comme médecin, il a derrière lui plus lus d’une décennie d’expérience  à la Clinique. Il m’a promis qu’il va répondre à mes questions. Souvent, chez lui, le téléphone sonne, même après l’horaire officiel de plus de 8 heures par jour. Aussi même pendant les vacances annelles. Et ce médecin noble, suisse, européen, se trouve près des patients de toutes les nationalités, avec ses conseils très valables. Il a de bons souvenirs aussi des patients albanais. De même, l’infirmier-chef, Monsieur Henk Verloo qui te nourrit du respect des le premier contact avec lui. J’ai parlé avec lui en toute franchise et il m’a donné des conseils très valables pour la suite de mon séjour, à la Clinique Genevoise de Montana.

7 août. J’ai reçu, étonnamment une lettre de la part du Président des USA, Barack Obama, qui me remercie pour mon appui que je lui ai donné, comme des milliers et des milliers de Terriens, hors l’Amérique, pour ses réformes dans le service de la Santé. Je suis content que mon article concernant la Fête du 1 Août ait été très bien accueilli par les lecteurs albanais de « Tirana Observer » et de « Zemra Shqiptare ». Aussi l’interview avec le Professeur, Docteur Isuf Kalo a été lu par des milliers de personnes qui ont acheté le journal de bonne heure en Albanie. Pourtant, mon ami Isuf a raison quand il m’a écris que le titre de l’Interview dans le journal « Tirana Observer » a été bombastique. Mais je ne peux rien faire, parce que le rédacteur en chef du journal, Altin Sinani est en vacances et avant de publier un article, pour chaque mot qu’il pense changer, il demande mon approbation. Tandis que le rédacteur qui le substitue a mis un titre qui ne répond pas au contenu de l’interview. J’espère que la belle-fille d’Enver Hoxha ne va pas entreprendre une campagne de calomnie envers Isuf Kalo, comme si c’est lui fautif de la mort de E.Hoxha. Isuf l’explique bien dans l’interview que la mort d’Enver Hoxha a été une mort naturelle, acceptée aussi par l’équipe des médecins français qui étaient présents les derniers mois de sa vie. Ainsi Isuf n’était pas le seul pour décider de la médication et du suivi du Diabète de « l’homme fort » de l’Albanie qui a régné pendant 40 ans à la tête de l’Etat Albanais. Il a soigné « l’illustre » patient, comme il a soigné des milliers d’Albanais, pendant sa carrière comme médecin. Pendant 10 ans il a dirigé la Direction de la Qualité de la Santé au Bureau Régional pour l’Europe à Copenhague…

 Je vous parlerai, ces jours, chers amis de « Zemra Shqiptare » pour tout ce que je verrai ici à la Clinique de Crans-Montana. Aussi de cette ville qui est une des Perles de la Suisse. Mais je ne parlerai pas des secrets personnels d’un médiateur culturel « raté » qui a donné des années durant « des conseils » aux autres et il n’a pas su construire comme il faut son « foyer ». Est-ce que cela a été le résultat de ma sincérité, de ma fidélité « aveugle », de mon bon- sens ?

Ici c’est la porte vers le Paradis, pour ceux qui comme moi ont déjà eu 60 ans et pensent : puisqu’ils n’ont pas fait des bêtises durant cette vie, après, au moins d’ une dizaine d’années, ils auront la chance d’y être accepté !

Devant moi, maintenant que j’écris, sont les montagnes, plein de neige éternelle. En ville de Crans quand je prends le bus gratuit, je remarque partout des fleurs, des centaines de touristes, de toutes les nations. Quelques minutes de marches devant les boutiques pleines de souvenirs, ou assis dans une cafétéria où je prends mon express préféré. Je rencontre aussi des albanais et je les salue, comme de vieux amis. Dans les kiosques, comme celle près du « Funiculaire » qui t’amène à Sierre, je prends chaque jour les journaux albanais.

Le seul « bémol » négatif à Crans-Montana est : si tu fais un auto-stop pour se rendre en ville, depuis la Clinique, où il n’y a pas un arrêt tout près de la ruelle, où si tu dois retourner à la Clinique, les valaisans ne s’arrêtent jamais. Même, Patrick, le chauffeur sympathique du bus qui fait le trajet entre Crans et Sierre n’arrive pas à me donner une explication. Il aimerait vivre à Genève. Seulement les Genevois, les Italiens, les Hollandais, les Espagnols, les Portugais, et même les Coréens du Sud, s’arrêtent pour t’amener, même devant la porte de la Clinique.

La Clinique offre un cadre riche pour les loisirs, bien qu’il y ait d’autres possibilités pour le divertissement des patients, surtout le soir. Mais ce n’es pas à moi de donner des suggestions ici. La Bibliothèque est riche en livres. Dans chaque étage il y a un poste de TV. Dans les chambres, les patients qui veulent, peuvent avoir un poste de télévision en location, qui est un peu chère selon leur dire. Chacun qui a un ordinateur portable peut avoir accès à l’Internet, mais pas dans les chambres à coucher.
Je vais vous parler aussi pour mon ami qui habite seulement 7 km loin d’ici, qui nous a apporté un jour un grand sac avec des fruits de son jardin. Selon lui, l’argent n’a pas de valeur, seulement l’amitié e la solidarité à une vraie valeur. Ce qui manque encore chez quelqu’un de mes compatriotes…Je vous parlerai du psychologue de Genève, qui a eu des consultations avec des centaines de patients albanais, surtout du Kosovo et il a fait des recherches remarquables. Malheureusement, une ichémie célébrale a rendue son activité très réduite. Je lui souhaite de mon cœur un prompt rétablissement !

Le Professeur Jean-Philippe me téléphone presque chaque jour et il s’intéresse à ma santé, il m’encourage et me dit que dès mon retour à Genève, nous poursuivrons notre Projet  Thalassémie avec l’Albanie. Un projet qui me tient au cœur, surtout parce qu’il a démarré l’année passée, précisément ici à la Clinique Genevoise de Montana, quand j’ai communiqué avec la Présidente de la Fondation Albanaise des Enfants, Dr. Liri Berisha concernant l’envoie des 15 TV et des 15 DVD pour les patients qui reçoivent les transfusions sanguines dans les hôpitaux albanais. Aussi, avec le professeur A. Kalangos, chef de la Chirurgie Cardiaque  l’HCUGE, nous nous rendons vers le 4-ème trimestre de cette année en Albanie. Il réalisera des opérations à cœur ouvert pour les patients albanais qui ont des malformations. Prof. Kalangos m’avait raconté récemment qu’il avait réalisé une telle opération, à Belgrade, en Serbie, à une fille du Kosovo, grâce à l’intervention du roi de la Serbie, Alexandre. Il faut en finir avec les rancunes du passé et tous les peuples du Balkans doivent vivre en paix, en amitié, naturellement, en chassant de leur foyers, les gens comme Mlladic et ceux qui ont causé des milliers de douleurs pour les familles entières de Kosovo, Bosnie, Croatie etc…

Je suis en train de traduire le nouveau livre du Prof. Assal « De la mise en scène, à la mise en sens »- à la convergence de la mise en scène et de la médecine. Lui a mis une dédicasse dans la première page de son livre : « A mon cher Alfred ! Pour toute une fois un livre que je dédicasse…Avec ma joie d’avoir appris cette belle renaissance albanaise…En toute amitié. Jean-Philippe. Juillet 2009 ». En même temps, je dois terminer en Albanais la traduction du recueil de l’écrivaine Marie-Luce Dayer « Sous l’aile de l’Aigle » (symbole des Albanais) ; aussi le livre : « Maigrir selon sa personnalité » du professeur Alain Golay. Mais est-ce que j’aurai la force, après cet échec personnel ?!

Shaban, Ksenofon, Hamit. Kozeta, Përparim, Vangjush,  et d’autres amis m’ont envoyé des messages qui me touchent en ce moment de difficulté pour moi et d’autres m’ont téléphoné. Gjergji me téléphone chaque jour et il s’occupe à acheter pour moi les journaux albanais qui publient mes articles. J’écris en ce moment surtout des réflexions, des esquisses, des contes. Thani Naqo, un de mes meilleurs amis, qui habite en Floride, après la publication de son livre avec des lyriques, se prépare à se rendre à Ziçisht, en Albanie, son lieu de naissance. Il m’invite à m’y rendre, dans la fête annuelle de son ville, mais je ne sais pas si je réaliserai ce rêve ! Je pense à ces moments à Caroline Porcher et son noble mari, Michel qui nous a quitté, en laissant un souvenir inoubliable, l’amabilité, le prestige, un mari formidable et un père aimable pour ses trois enfants et un grand-père proche de ses petits-enfants…

Maintenant, je vais revenir en arrière, en remontant dans le temps….
    
J’étais assis au bord du lac de Crans- Montana et mon ami m’a donné à lire son journal,  en me demandant de lui donner mon avis. Je ne sais pas, mais j’ai été ému. J’ai décidé aussi de me livrer à mes souvenirs et à mes notes du passé, au moins une partie, parce que les autres notes resteront dans ma cartothèque personnelle…
 
1999. Il n’y a pas longtemps que j’ai commencé le travail de traducteur interprète, médiateur culturel. Avant, j’ai fait des traductions, mais pas aussi régulièrement. Il y a seulement quelques mois, mon agenda était seulement dans ma mémoire. Cela ne veut pas dire qu’à présent j’ai une mémoire plus courte, mais plutôt que je suis obligé de noter tous les rendez-vous qui englobent les différents services. Aussi derrière chaque nom de mes patients  qui sont venus de loin, se présente une personnalité, un souci particulier, une vie, un drame, mais surtout : un rayon de soleil pour l’avenir…Ces notes que j’ai écrites presque chaque jour sont mes impressions personnelles, qui n’engagent que moi…Et surtout, je garde l’anonymat des personnes qui ont vécu des événements douloureux. J’ai opté, pour enchevêtrer les faits, de respecter la vie personnelle de toutes ces personnes et  au personnel soignant pour lesquelles j’ai une sympathie particulière qui s’est nourrie au fil des jours d’un travail humain. J’ai trouvé indispensable d’exprimer ma reconnaissance en écrivant ces mots.

5 juillet. Je me présente à la première consultation. Je ne sais pas pourquoi, mais je transpire un peu, non pas à cause de la chaleur, mais je ne sais pas si je pourrai traduire au plus près ce que dit le patient. Pourtant, c’est un métier que j’exerce depuis longtemps. Mais,  je saisis dès le début que ce n’est pas si facile. Aussi, il vaut mieux qu'on comprenne la mentalité des personnes qui viennent d’un autre pays : paysan, montagnard ou citadin avec d’autres valeurs et surtout des soucis : un pays en guerre, les menaces de l’occupant, les perquisitions des maisons, la faim, le stress, les viols, les souffrances, la déception…et une lueur de liberté, de sécurité.  Besim a recours pour la deuxième fois aux services de la santé. Il a consulté seulement une fois un médecin dans son pays. Il demande au médecin de lui faire “ une photographie du corps ”. Le médecin qui est très patient et qui connaît très bien son métier, noble, de surcroît lui explique qu’il faut d’abord faire des analyses pour une ou deux douleurs qu’il a, et qu’au fur et à mesure on allait s’occuper de tout son corps. Le patient est content de ces explications, mais il est un peu sceptique…Enfin, il part avec une ordonnance pour deux médicaments. Dehors, quand nous attendons pour prendre le prochain rendez-vous chez l’hôtesse, il me dit : “ Chez nous, les médecins donnent beaucoup de médicaments ”. Je me suis permis de lui dire, parce que je sentais bien que si tout à l’heure j’avais seulement le rôle du traducteur et qu’à présent le médecin n’était plus là, qu’ici en Suisse, les médecins prescrivent des médicaments selon les besoins du patient. On ne peut pas utiliser tout l’arsenal des médicaments d’un coup ”. Il me regarde, hoche la tête et s’en va…Je ne sais pas si je l’ai convaincu.

19 juillet. Mon fils m’a acheté un téléphone mobile pour mon anniversaire et je commence maintenant à l’utiliser. Souvent, je l’appelle parce que suis débordé par les messages qu’on me laisse, et je ne sais pas les écouter. Je lui dis : “ Mon fils, je suis comme un paysan, je ne sais pas utiliser  les appareils modernes, aide moi, comment dois-je faire ”. Il me répond que je dois lire les consignes…Toutefois, il est bon, il trouve du temps pour m’aider à utiliser le téléphone mobile. Avant, j’avais horreur de porter un téléphone mobile. Maintenant c’est quelque chose dont je ne peux plus me passer. Je suis disponible tout le temps. C’est un travail de dévouement. Je travaille tous les jours en urgence, je sens la montée d’adrénaline quand je cours d’un service à l’autre pour être à temps. C’est passionnant. Mon horaire est flexible. Je suis libre, mais il faut une discipline, car je n’ai pas un bureau fixe. J’apprends chaque jour davantage,  surtout dans le domaine médical, et humain. A tout âge, on peut  acquérir de nouvelles choses, on peut se ressourcer. Une vie quotidienne qui se nourrit de culture, d’idées, d’histoires et de récits pour comprendre notre monde et ses difficultés. Et on tisse des liens…Maintenant, j’ai vraiment envie de vivre et de partager des idées profondes avec mes amis, les médecins, l’ensemble du personnel soignant qui sont, pour la plupart remarquables et très humains…

J’étais en train de rouler sur autoroute, un dimanche quand on m’a téléphoné pour le petit Agron. Sa maman voulait avoir des nouvelles de sa santé. J’étais content de pouvoir rendre service…À l’autre bout du fil, je sentais que la maman était soulagée…

15 août. La vieille dame a commencé à raconter son histoire : “ J’ai dû marcher à pied de Kosova jusqu’en Albanie. En Albanie nous n’avions pas beaucoup de médicaments, mais les médecins étaient bien…nous avons été bien accueillis… Mais j’ai perdu mon mari et ma fille de 16 ans…Je ne sais pas s’ils sont encore vivants. Je ne sais pas écrire. Heureusement mon fils a fait appel à la Croix-Rouge et j’ai pu venir en Suisse. Maintenant, je voudrais rester avec mes deux fils. Ma fille qui a trois enfants m’a promis qu’elle viendra chaque samedi pour me faire la lessive… ”

17 août. Aujourd’hui j’ai feuilleté le “ Guide de l’entretien médical bilingue à l’usage des soignants et des interprètes ”. J’ai retenu les mots du professeur Hans Stalder quand il souligne que “ le bon traducteur doit devenir interprète, c’est-à-dire, une troisième personne qui s’intègre à la relation soignant soigné devenue difficile. Interpréter ne veut pas dire uniquement traduire la langue, mais aussi traduire la culture, expliquer le sens, c’est-à-dire être l’interprète de l’autre ”. Le professeur ajoute : “ Par définition, l’interprète se situe entre les deux partenaires. Il prend alors une place à lui, une place délicate mais importante et le dialogue devient triangulaire. Cet entretien triangulaire et bilingue est difficile et doit être appris tant par les soignants que par les interprètes eux-mêmes ”. Cette nuit, je suis resté très tard à feuilleter le livre de 56 pages. J’ai appris beaucoup de choses.  J’ai un respect particulier pour ce professeur, parce qu’une fois aux urgences, après avoir examiné une dame, il a utilisé des arguments scientifiques, exprimés d’une manière simple ce qui a rendu le sourire à la  dame du Kosova…Elle va bien maintenant grâce aux soins intensifs reçu à l’Hôpital. Avec les médecins humains, je ne sais pas, je trouve que la langue devient plus facile et que je traduis bien…

19 août. Je rentre à la maison. J’écoute la cassette d’Andréa Bocelli, phénomène lyrique. J’ai un respect particulier pour lui et sa musique me plaît beaucoup. Quelque fois j’augmente le volume et je commence à chanter à haute voix comme quand j’étais jeune et au bord de la mer Adriatique, à Durrës, je chantais pour me libérer de quelques tentations…Je me retrouve dans un monde plus calme, moins stressé quand j’entends sa voix douce…Je mets aussi la musique albanaise, de mon ami le célèbre musicien suisse, Marcel Cellier qui a eu l’oscar pour un disque avec la musique populaire…

En général, je gère les émotions, mais ce jour là j’avais entendu une histoire douloureuse d’une femme et les larmes ont coulé. Ce qui ne doit pas être du tout courant, pour un interprète, parce qu’il doit gérer ses émotions…Mais je ne pouvais pas…Les occupants avaient secoué sa fille quand ils sont entrés brusquement à la maison. Ils cherchaient son mari qui était déjà parti. Avec force ils ont jeté la fille contre le mur. L’enfant était plein de sang. La maman, une fois les paramilitaires partis, l’a pris dans les bras et a fui…Elle a eu la chance de venir en Suisse pour pouvoir guérir  son enfant…Mais un grand point d’interrogation se présente pour elle : elle n’a pas de nouvelles de son mari et de l’autre fille de 10 ans qui au moment des faits était chez des cousins…

Je n’ai jamais tant réfléchi à l’existence, comme maintenant…Quand je dois traduire les mots de tristesse, les phrases sont plus longues, tandis que décrire les moments de joie est plus facile…Je retiens en mémoire ce couple qui a accepté d’avoir recours aux séances de planification familiale, parce qu’ils ont déjà huit enfants…Cet homme de 60 ans qui fume 2 paquets de cigarettes par jour et qui ne sait pas écrire, a une sagesse particulière. J’ai beaucoup de respect pour lui. Après les mots du médecin Michael, il a “ donné la parole d’honneur ” qu’il fumera beaucoup moins…Mais pas pour faire plaisir à sa femme qui veut économiser de l’argent et il disait en rigolant “ ce n’est pas ma santé qui l’intéresse mais plutôt d’acheter des bijoux en or ”. C’est important pour les femmes du pays et surtout les femmes  montagnardes d’avoir beaucoup d’objets en or, pas seulement quand elles amènent la dot quand elles se marient…Ce petit avaient de la fièvre et c’est son père qui l’a amené à la  consultation avec le médecin. Une mentalité qui a changé à l’arrivée en Suisse, parce qu’au Kosove le mari s’occupe seulement des affaires à l’extérieur du foyer et ce sont les femmes qui doivent se débrouiller avec les enfants…Je pense à cet aimable Z. qui est un peu sourd et qui capte un mot sur quatre. La doctoresse lui répète les phrases avec son sourire et moi, je dois traduire la même phrase trois fois. Heureusement Z. aura bientôt un appareil d’audition et il pourra mieux entendre…

Il y a eu beaucoup de familles qui sont venues en groupe, des quartiers entiers d’Albanie en “ skaf ”, payant des milliers de francs aux passeurs et par la frontière de l’Italie en “ combi ”…Pour fuir la guerre, les atrocités commises par les paramilitaires, les massacres perpétrés chaque jour. Pouvoir jouir d’un rayon de soleil, sans papiers qui ont été brûlés avec leurs maisons ou confisqués, avec leur argent à la frontière par les soldats occupants…

23 août. Aujourd’hui j’ai acheté des croissants et trois cafés et je me suis présenté au service où j’allais souvent pour des traductions. J’ai dit à Chantal : “ Nous commencerons par des  choses sérieuses, donc nous mangerons un croissant et  boirons un café ”. Ensuite nous avons entamé la consultation avec le médecin…Deux semaines après, elle était en vacances, ma femme et moi, recevons une carte postale où elle nous écrivait entre autres : “ Affectueuses pensées pour mes amis qui travaillent ! J’espère que R… va mieux. En famille nous avons passé une semaine reposante au bord de la mer, le temps était agréable. Il va bientôt falloir songer aux “ choses sérieuses ”. “ Je vous embrasse, sans oublier les enfants. A bientôt ”… Je ne sais pas quand elle reviendra, si nous aurons encore la chance de travailler avec elle, parce que les infirmières et les médecins changent souvent de service, pour mieux s’adapter aux divers secteurs de la santé…J’espère et je souhaite qu’elle reste près de nous parce qu’elle est très humaine et très professionnelle et a un charme particulier dans les contacts quotidiens avec les jeunes patients et avec leurs parents…

25 août. J’assistais à une consultation et Chantal, qui est une infirmière très polie et calme, m’a dit : “ Nous avons téléphoné chez vous parce qu’on avait besoin d’une traduction directement par téléphone. Au bout du fil il y avait votre fille. Elle parlait très bien le français. Elle a joué le rôle de traductrice de manière impeccable ”. J’étais très content de cette appréciation de ma chère fille…

3 septembre. La maman de Blerina  m’attendait devant le service. Elle n’entrait pas…Je lui ai demandé quelques fois d’entrer, de regarder elle-même sa fille. Nous sommes rentrés…Blerina se portait mieux. J’ai traduit les mots du médecin, mais la maman était très inquiète…Je lui ai dit de venir seule le lendemain, parce que je devais faire une visite chez ma tante à Neuchâtel. En fait chaque jour de la semaine, je l’accompagnais dans le service où était hospitalisée sa fille. Mais elle n’y allait jamais seule… Elle m’a prié : “ Est-ce que tu peux venir avant de partir, parce que je ne comprends rien si j’entre dans le service où est ma fille. Aussi, j’ai le sentiment que chaque fois que vous me traduisez les mots du médecin, je saisis mieux ce que ma fille a maintenant, son évolution…Je ne sais pas, mais vous me portez  chance et ma fille va mieux grâce aux soins médicaux ici …J’étais ému…Bien que le lendemain soit un dimanche, je lui promis d’aller faire un saut avant de partir à Neuchâtel…
5 septembre. Je passe devant le service des soins pour le personnel. Il y a toujours des caisses de pommes, apparemment pour le personnel qui fait les vaccins et des soins médicaux. J’en prends de temps en temps. Je me rappelle du dicton : “ An apple a day keeps the doctor away” qui maintenant a été substitué dans les spots publicitaires : “  A condom a day keeps the doctor away ”. Mais les faits de SIDA sont alarmants. Cela serait bien qu’au troisième millénaire on n’ait plus de maladies, et au lieu des armes sophistiquées, des dépenses énormes pour les navettes spatiales, qu’on libère des fonds pour l’évolution des recherches médicales et surtout de la génétique, pour la transformation des gênes défectueux…De toute façon moi j’ai commencé à acheter plus de pommes chez mon ami marocain Idris qui a toujours plus de clientèle. “ Two apples a day take the doctor for ever ”…Peut-être c’est un peu exagéré, parce que tous dans la vie nous avons besoin de nos amis et humain les médecins.

21 septembre. J’écris mes condoléances à Denis et à sa famille. Son père est mort aujourd’hui… Je me souviens d’un certain matin. Nous étions ensemble avec un patient. Denis comme toujours communiquait avec lui par mon intermédiaire avec précision et  sagesse. Il connaît parfaitement les lois de son pays. Il y a des décennies qu’il travaille dans un organisme qui aide les réfugiés de toutes les nations. A un moment donné, il me raconte ce qui s’est passé avec son père. Moi, je lui propose d’arrêter l’entretien, mais il ne veut pas… Je pense encore à Denis et à sa famille en ce moment de deuil de son cher père qui a souffert pendant deux mois, entre la vie et la mort. Denis à Vous pour qui tous ont un respect particulier, pour votre sagesse et votre esprit positif, pour votre humanisme hors de pair…Dans ces moments, je ne peux pas ne pas souffrir pour mon inoubliable père qui est partie de ce monde très tôt, mais je trouve ma consolation dans les mots et les appréciations de ses camarades et amis et dans la publication de ses poésies et ses contes dans les nouvelles publications anthologiques par l’écrivain et son ami intime Xhevat Beqaraj.

Ce soir, j’étais à la formation des interprètes. La doctoresse Sophie nous a fait une présentation très intéressante de soins de son service qu’elle connaît bien. L’importance mise sur le rôle particulier de l’interprète dans les consultations avec les patients est très encourageante. Une patiente a pu s’exprimer librement dans sa langue devant la doctoresse en présence de la traductrice… !

22 septembre. J’ai lu dans la presse un fait intéressant : un albanais avait trouvé un portefeuille dans la rue et l’avait rendu. La personne qui avait perdu le portefeuille voulait lui donner un peu d’argent pour le geste mais l’albanais n’avait pas accepté. Un bon signe pour un peuple qui est travailleur et honnête et qu’une minorité de compatriotes lui mettent “ un chapeau “  de gens qui s’occupent de la drogue et je ne sais pas quoi encore… ?! Un encouragement pour des centaines de milliers d’Albanais qui travaillent honnêtement à l’étranger et aident même leurs familles en Albanie, au Kosove et contrées, en Macédoine, à Monténégro etc.

23 septembre. La diététicienne est très sympa et elle connaît très bien son métier. Simplement j’ai envie de sourire dans ses consultations, parce qu’elle dit aux patients de ne plus utiliser l’huile ou de le réduire. A ces moments –là je pense à mes amis Roberto et Peter qui font tout pour vendre l’huile dans le monde et si les autres écoutent la diététicienne, mes amis seront bientôt au chômage…Je pense surtout à Roberto qui a eu un malaise mais heureusement il se porte bien et a commencé à travailler avec l’ordinateur. Il me dit que le travail lui fait du bien parce que cela lui donne la force de vivre. Je souhaite qu’il vive longtemps, parce que il a été près de moi et nous avons partagé ensemble des moments de plaisir dans le travail quotidien…
Aujourd’hui, un service de la maternité m’a appelé en urgence…J’ai terminé la traduction et j’étais en train de prendre l’ascenseur. Quand tout d’un coup, une vieille dame me dit : “ Monsieur, qu’est ce que vous faites ici ?
Je lui ai répondu : “ J’étais ici pour le travail ”.
-Non, vous n’êtes pas de l’Hôpital, parce que vous n’avez pas une blouse blanche, et vous n’avez pas le droit de prendre l’ascenseur de service ”- m’a dit –elle.
Tranquillement je lui ai répondu : “ Oui, je suis du service et j’ai une chemise bleue”.
-    Oui, mais les gens du service ont une blouse blanche.
-    Maintenant, c’est un service nouveau avec des chemises bleues : je suis traducteur interprète.
-    Excusez-moi, a dit madame, je ne savais pas.
Nous avons rigolé un peu, mais après je pensais que la dame avait raison, les interprètes qui travaillent tout le temps à l’Hôpital doivent avoir au moins un badge, si “ la chemise bleue ” n’est pas reconnue….

24 septembre. Aujourd’hui, j’ai reçu un email d’un ami Albanais en Suisse allemande. Il m’écrivait avec affection à propos des récits publiés, pour la sollicitude qu’il montrait pour le livre albanais, pour sa distribution et pour le désir de créer une association interculturelle albanaise- suisse. J’ai répondu avec tact à mon ami que son idée était bonne mais il fallait tenir compte que dans cette association devaient être inclus aussi des intellectuels, des écrivains, peintres, pianistes, des étudiants et des albanais de toute la Suisse, parce que autrement elle n’aurait pas la vie longue, sans attirer la pensée créatrice et le labeur de ces dizaines d’albanais qui aident pour la culture et le livre albanais, même en étant en Suisse. Aussi, je lui ai souligné que dans de telles appellations d’associations il fallait renoncer aux mots étrangers qu’il ne faut pas laisser comme « cadeau » aux générations futures. Le moment est venu pour nous aussi, comme les autres peuples cultivés suisse, français, espagnol, allemand, arabe, africain etc., d’ avoir la langue unifiée littéraire albanaise dans nos publications et nos mots, indépendamment du fait que nous venons du Kosove, du Sud ou du Nord d’Albanie, des Arbëreshë, Arbanas, Arvanitas ou des Albanais aux USA. Est-ce que les français n’ont pas des dialectes comme le « patois »- langue parlée en Auvergne ou « savoyard », ou les espagnols la langue basque, ou les italiens les dialectes du Sud et du Nord de l’Italie, ou les allemands leurs dialectes ? La langue anglaise qui est aujourd’hui la première langue dans le monde est parlée différemment aux USA ou ailleurs en Afrique, mais la langue de Shakespeare est utilisée comme telle dans les publications littéraires, scientifiques, ou vulgaires partout dans le monde. C’est à cela que doivent penser les intellectuels albanais, comme tous les albanais modestes partout où ils se trouvent : dans leur terre natale ou à l’étranger ; de cela doivent penser surtout des représentations diplomatiques à l’étranger (je ne veux pas mettre une signe d’égalité avec ces représentations qui sont très loin avec de telles représentations comme à Stockholm, à Rome, en Ankara, à Washington, à Londres et ailleurs où on fait un travail louable avec la diaspora, ou avec le Ministère des Affaires Etrangères où on suit avec attention ce travail) qui souvent ne savent pas ou ne se tracassent pas d’attirer l’opinion et d’approcher les albanais dans le pays où ils sont des représentants d’Albanie, sans voir leur appartenance sociale ou politique, intellectuels, ouvriers ou d’une autre couche de la population.

24 septembre. J’ai lu, poussé par la curiosité, le livre du prof. Jean-Philippe Assal et de la psychologue Anne Lacroix, intitulé : « L’éducation thérapeutique des patients ». C’est une publication très réussie, après un long travail et du suivi de près des patients qui ont des maladies chroniques. Je voudrais qu’un jour ce livre très éducatif soit publié en albanais, parce qu’il a une valeur particulière pour l’enseignement thérapeutique du personnel soignant qui s’occupe des maladies chroniques.

15 juin. Prof. Alain Golay  me donne avec son autographe son livre « Comprendre son diabète et son alimentation », avec co-auteur le prof. Jean-Philippe. Entre autres, il m’écrit : « A Alfred, avec mon admiration pour ton parcours de vie et pour tout ce que tu fais pour l’Albanie. Amitiés. Alain ».
Le livre a été écrit par une équipe de soignants qui transmet son expérience de plus de 25 ans d’enseignements à 18.000 patients diabétiques. Sur le plan médical, cette étude est un acquis parce qu’elle a pu passer de l’information théorique sur la maladie à un enseignement pratique permettant au patient de mieux gérer son diabète au quotidien. Je souhaite que ce livre soit traduit bientôt en albanais,  parce qu’ il y a pas mal de nos compatriotes qui ont besoin à apprendre comment il faut agir s’ils attrapent cette maladie chronique, ainsi que l’instauration d’un programme adéquat alimentaire.

20 juin. Selim a décidé de partir au Kosovë. Il est venu aujourd’hui pour la dernière fois à une consultation avec sa fille. Elle a appris pendant ces six mois de séjour en Suisse à parler français. A la fin il a exprimé sa reconnaissance pour les soins qu’on lui a donné ainsi qu’à sa famille. Sa fille a demandé l’adresse de l’Hôpital des Enfants et le nom de la doctoresse. Elle m’a dit qu’elle voulait lui écrire quelques mots depuis Kosovë, mais qu’elle avait peur que son écriture en français ne soit pas correcte. Je lui ai dit qu’elle pouvait écrire en français mais aussi en albanais, et que je traduirai sa carte postale ou sa lettre. Elle a embrassé toute l’équipe présente et elle était très émue. Son père aussi. Selim avec les paumes de son visage toujours rouge, un montagnard qui m’a nourri un respect particulier pour sa sagesse. Jamais il n’a demandé quelque chose de trop. Il exprime seulement sa reconnaissance envers la Suisse et les Suisses qui lui ont donné la possibilité de passer un séjour agréable, ainsi comme il dit : “ J’ai pu faire la photographie du corps, ma femme a pu pour la première fois avoir recours aux soins médicaux et je rentre tranquille dans mon pays. Avec un peu d’amertume, parce que je sais que pour moi, ma femme et mes enfants cela sera un peu dur au début. Il y a encore des mines partout… Milosevic et ceux qui étaient derrière lui ont tout fait pour nous anéantir. Mais la Suisse et d’autres pays nous ont rendu la paix. J’espère reconstruire ma maison qui a été brûlée. Je resterai au début chez mon beau-frère qui est parti plus tôt et qui a pu reconstruire un toit…Mais aussi, maintenant j’ai un peu d’argent qui me servira pour reprendre ma vie de famille. J’aurai d’autres sous que je toucherai à mon arrivée, cadeau de la Suisse, ainsi que des matériaux de construction…Aussi j’ai entendu que des étrangers, amis du Kosovë ont construit des maisons provisoires où il faut installer seulement le courant électrique et l’eau …”

Il veut continuer à discuter, mais il comprend qu’il y a d’autres compatriotes qui attendent que le médecin les ausculte…Nous embrassons l’un l’autre et en disant “ tung ” (salut) en kosovar. Il me dit à la fin : “ La montagne avec la montagne ne se rencontre pas, mais nous nous verrons où ici, je viendrai comme touriste un jour, à Kosovë qui est maintenant libre… ”.

…Je pense encore à ce brave montagnard qui va refaire la vie ainsi qu’à cette chaîne de bonheur et à ces simples suisses qui aident chaque jour avec leurs moyens, matériels de construction, vaches, argent et beaucoup d’autres choses, les kosovars pour reconstruire leur pays ruiné par une guerre inutile…


23 juin. En tant que citoyen albanais qui habite en Suisse, je voudrais soulever la question de notre langue maternelle, comme un problème qui est d’actualité même pour d’autres peuples et nations…

Il y a bien des années auparavant, quand j’allais à New York pour suivre les travaux de l’Assemblée Générale de l’ONU, nos frères de Kosova nous invitaient dans leurs maisons, surtout pendant les week-ends. Ils nous préparaient les meilleurs plats, nous buvions un peu de “ raki ”, mais aussi nous parlions de leurs soucis et leurs problèmes. Je me rappelle de Gjyste, intelligente et maîtresse de maison, ainsi que son mari Gjergj, Shyqyri, l’inoubliable oncle Hulusi, Petro et tant d’autres qui soulevaient le problème de la langue albanaise qui était en train de se perdre chez les albanais des Etats-Unis. Surtout la jeune génération qui était née aux Etats-Unis, et suivait les études dans les écoles américaines et n’avait pas la possibilité de suivre l’école dans la langue maternelle…Plus tard, cette situation a changé, parce que même là-bas ont été créées des situations propices pour les enfants albanais pour étudier, écrire et lire dans leur langue maternelle, ainsi que pour passer les vacances en Albanie ou au Kosova. Par exemple, Mario bien qu’il soit né aux USA, parle et écrit parfaitement l’anglais, mais aussi la langue maternelle.

Ici, en Suisse la situation est différente. Grâce à la compréhension des autorités suisses, les enfants albanais peuvent suivre quelques fois par semaine, en dehors de l’école dans la langue française, allemande, ou italienne et anglaise, même la langue albanaise.  Je me sens albanais, je garde mes racines, je garde comme quelque chose de rare l’arbre généalogique de ma famille, rédigé avec sollicitude par le feu mon père Tuni Papuçiu, je rends visite à des familles d’Albanais honnêtes, travailleurs et compatriotes. Toujours, nous parlons en albanais et nous disons à nos enfants de parler en albanais.

Donc, je réitère : nos enfants peuvent étudier le français, l’allemand, l’italien, l’anglais, mais aussi l’albanais. Et cela est réalisé grâce à la compréhension des autorités suisses qui respectent la culture et la langue des autres peuples. En Suisse on trouve en langue albanaise des livres de nos auteurs comme Ismail Kadaré, Dritëro Agolli, Rexhep Qosja, Jakov Xoxa, Vath Koreshi, Bedri Dedja, Sterjo Spasse, Dhimitër Shuteriqi, Elena Kadaré, Xhevahir Spahiu, Tuni Papuçiu, Teodor Laço, Besnik Mustafaj, Xhevat Beqaraj etc, ainsi que les livres des auteurs suisses qui sont traduits même en albanais “ L’enfant albanais aux yeux noirs ” de l’illustre professeur suisse Francine Koch, bilingue français albanais, publié par la maison d’édition “ Toena ” ; les publications en albanais, sponsorisées par la Fondation “ Prohelvetia ” et par l’entremise de l’ambassade de la Confédération suisse à Tirana : “ L’Histoire de la Suisse ” de l’auteur Dieter Fahrni (Toena) et le livre du professeur Koli Xoxi “ La Suisse et Dora d’Istria ” ; le recueil avec des contes des auteurs suisses “  La folle qui portait un costume de carnaval ”, publié avec l’appui du Département des Echanges culturelles Est-Ouest de “ Pro-Helvetia ” et la Fondation suisse pour la Culture (Editeur “ Dituria ”) ; bientôt sera publié le livre bilingue “ Les contes de la Suisse ” du prof. Bedri Dedja(Toena) etc.

La Suisse est un pays aimable qui accueille, abrite et assure les droits fondamentaux à presque 200.000 albanais. J’ai lu il y a quelques temps, dans un journal suisse que bientôt l’albanais serait la 4 langues nationale en Suisse. Naturellement, comme albanais je serais content de cette possibilité, mais la réalité est telle que nous devons respecter tout d’abord l’allemand, l’anglais, le chinois, le japonais, le swahili et lingala. Les peuples de ces pays représentent le plus grand nombre des habitants dans le monde et ils voudraient aussi que leurs langues soient des langues officielles des Nations Unies. Cela est leur droit légitime et un jour sera réalisé.

L’albanais peut être sera la 4-ème langue nationale et internationale au 4-ème millénaire et les générations futures auront la chance de voir ce jour.

Je répète : la Suisse accueille dans son sol de 41 293 km carré et avec presque 7 millions d’habitants, presque 200 milles albanais ainsi qu’un nombre considérable d’italiens, d’allemands, de portugais, d’espagnols, d’africains et des peuples des autres pays. La Suisse est une confédération et dans ce petit pays, qui n’a même pas le double de la superficie de l’Albanie, travaillent et vivent en harmonie des habitants qui s’expriment en quatre langues nationales : l’allemand, français, l’italien et le romanche. Les autorités de Genève et des autres cantons en Suisse, ont créé les conditions propices que les enfants puissent étudier quelques jours par mois en albanais, ont créé la riche bibliothèque comme celle de la Croix-Rouge genevoise, ou les bibliothèques des écoles primaires et secondaires, où les albanais trouvent de diverses publications en albanais. L’organisation chaque année de la Foire du Livre au Palexpo de Genève, aide à enrichir ces bibliothèques. Là participent aussi nos maisons de publications. Donc, la Suisse cultive et défend la question nationale des autres peuples, soit-ils albanais, italiens, allemands, africains ou des autres pays. Elle leur donne la possibilité de s’exprimer et d’avoir des publications des pays d’où ils viennent. L’organisation des expositions au Palais des Nations est très significatif, où nos artistes ont eu l’occasion à montrer leur talent, ou l’organisation des concerts, des récitations dans la langue maternelle.

Nous sommes fiers d’être albanais, et partout où ils sont nos compatriotes, ils sont corrects, travailleurs, familiaux, gardent leurs mœurs et sont respectés par les autres. Bien que quelqu’un pour son compte attaque les albanais comme s’ils sont ceux qui causent tous les malheurs du monde. Même si une minorité de nos compatriotes, pour des raisons économiques peuvent tomber dans le trafic de la drogue, de la prostitution, poussée par quelqu’un qui ne veut pas du bien aux albanais, quand même les albanais gardent leur identité, leur langue, leurs bons mœurs.

C’est pourquoi, j’ai suggéré, au Colloque qui a été organisé ces derniers jours à l’Université de Genève concernant la Constitution en Albanie par le Faculté du droit de cet Université, en collaboration avec l’Université de Bari et l’Université de Tirana, à publier les exposés, non pas seulement en langue française mais aussi albanaise. Une publication bilingue servirait beaucoup, pour que la jeune génération puisse connaître la législation de son pays et pourrait le comparer avec la parfaite législation suisse. Avec l’assistance des professeurs suisses, italiens et albanais, mais aussi de plusieurs étudiants qui étudient en Suisse, nous pouvons beaucoup faire pour la sauvegarde de notre langue maternelle. Je ne peux pas oublier la dernière lettre de mon professeur honorable de la langue française et de la traduction, prof. Vedat Kokona, qui m’a envoyé son livre « Des grains avec du miel ». Il exprimait son regret qu’une partie des albanais ne donnent pas de l’importance à la langue albanaise et utilisent des emprunts linguistiques.

Être albanais et parler sa langue partout où tu te trouve, en Suisse, aux USA, au Canada, en Argentine, en Australie, en Grèce, en Italie, en Allemagne et ailleurs, cela témoigne un respect pour cette ancienne nation. Bien qu’elle a eu plusieurs invasions étrangères, elle a sauvegardé la langue, les mœurs et tout ce qui est beau pour les transmettre aux générations futures. Peut-être, un jour, elles vont regagner leur terre natale, au bord de la mer Ionienne et de l’Adriatique, dans les plaines fertiles de Myzeqe, de Lezha, de Devolli, ou dans les hautes et belles montagnes du Nord, à Valbona et ailleurs…
Heureusement, il y a dans le monde des pays qui ont une démocratie exemplaire et une législation conforme et contemporain, comme la Suisse qui respecte la langue, l’origine et les racines des habitants étrangers qui ont choisi à vivre même temporairement ou pour toujours le territoire suisse, des braves hommes, travailleurs et heureux…

3 août. Je travaillais à l’Hôpital des Enfants à Genève et l’infirmière Chantal, qui est très polie et paisible, m’a dit: “Nous avons téléphoné chez vous, parce que nous avions besoin d’une traduction par téléphone et c’est votre fille qui était en ligne. Elle parlait très bien. Elle a assumé le rôle de traductrice à merveilles ”.

J’étais très content et je me suis rappelé Nausika petite déjà très intelligente et aimable. Souvent je restais avec elle et elle aimait que je lui raconte des contes des livres de son grand-père, Tuni, ainsi que des contes que je créais pour elle. Surtout elle adorait le conte de l’ours Lulush qui aimait beaucoup le miel. Je le lui ai raconté souvent, avec plusieurs variantes, et elle riait de mes trouvailles. Des années auparavant, mon père faisait la même chose avec les enfants du professeur Mahir Domi, Etleva et Arban, qui chaque soir restaient chez nous. Ils étaient nos meilleurs voisins et les plus sociables…

Nausika s’appuyait sur ma poitrine et le conte fini, elle se tournait vers moi en me demandant: "S’il te plaît, encore une autre, parce que tu racontes bien". Et moi, je continuais à inventer des contes, une partie de ceux-ci ont été réunies et publiés dans un recueil.

Mais quand sa mère était à la maison, elle préférait rester avec elle. Souvent, même, elle pleurait quand ma femme était obligée d’aller à l’école pour enseigner, bien que ses copines l’avait laissé libre surtout des réunions ennuyeuses.  Natacha ne l’appelait pas à l’entraînement militaire, ou le directeur de l’école la laissait libre pour des activités de deuxième ordre.
Un matin, Nausika ne laissait pas partir sa mère et après un instant, avec son sourire léger, elle dit: "Pourquoi la maman ne devient pas la grand-mère et la grand-mère maman, au moins quelque fois, comme cela ma maman peut rester avec moi à la maison.".
Maintenant Nausika est grande et ne veut pas que je lui rappelle les histoires du passé, parce que surtout elle est éduquée avec l’école suisse, elle est sérieuse, très consciencieuse. Elle a une intelligence particulière et souvent me fait des remarques, comme sa mère, pour mes „plaisanteries excessives“ quand je suis entre de vrais amis, ou collègues de mon travail quotidien.

5 août. Elle devait avoir presque 62 ans et elle travaillait à la Croix - Rouge suisse à Berne. Nous avons discuté amicalement, autour d’une table, dans un restaurant près du Parlement, où nous avons dégusté un bon café express. Moi, j'ai parlé des soucis des gens de mon pays, de leurs besoins, de leurs désirs et en répondant à son insistance, je lui ai dit en quoi on pouvait donner un coup de main à ce petit pays.            
Après un instant, quand notre entretien était en cours librement et que j’ai souhaité passer des discussions officielles à celles courantes, je lui ai posé une question :         
- Madame, où passerez-vous vos vacances ?                

Je m'attendais à ce qu'elle me dise "dans un pays exotique" ou quelque part en Europe, en tenant compte du grand désir des suisses de voyager quelque part, chaque année, et ensuite raconter avec éloquence et passion tout ce qu’ils avaient vu dans les pays lointains, la cuisine qu'ils avaient goûtée, les gens qu'ils avaient rencontrés, etc.                    
En souriant, mon interlocutrice m'a répondu :

-    L'année dernière j'ai commencé à apprendre le romanche (la 4 langue utilisée en Suisse, depuis sa création) et cette année je voudrais le perfectionner, là où il se parle chaque jour. Les langues sont ma passion particulière et pour ma part j'ai toujours voulu apprendre le romanche. Naturellement, j’avais quelques notions de cette langue, mais le travail et les autres préoccupations ne m'avaient pas permis de m'intéresser plus à cette langue. Maintenant que j'ai plus de temps, je vais y revenir. C'est extraordinaire de retourner dans les terres où est née une langue pleine de musicalité, utilisée par nos ancêtres".            
Je regardais avec admiration cette femme, qui indépendamment de l'âge, avait une grande volonté et continuait à être une élève passionnée pour apprendre une autre langue, une fenêtre vers un monde rustique, beau, pur.            

17 mars 2004. Le journal suisse « Le Courrier » a publié mon article intitulé :

Exprimer sa culture

Coup de chapeau. Alfred Papuçiu remercie Genève pour son sens de l’accueil envers les communautés étrangères et son respect pour les cultures des pays d’origine.

Récemment,  j’ai été invité par mes amis, Caroline et son mari Michel à l’Eglise du Sacré-Cœur pour un concert de Noël réalisé par la Chorale Ibéro américaine de Genève. Le groupe de 36 choristes de 18 nations s’appelle « Cantares ». Il est dirigé par Alfredo Lavalley depuis novembre 2000. J’étais émerveillé par les chants de tous les choristes qui nous transportaient dans un monde divin, calme, pleins d’émotions et d’amour les uns pour les autres. Nous avons entendu des chants traditionnels mexicains, des chants populaires d’Argentine, de Porto Rico, du Brésil, du Venezuela, de Colombie, du Pérou. Tout le monde a applaudi ce groupe merveilleux.
Je pense que c’est une réussite pour la Suisse et surtout pour la Genève multiethnique, qui grâce à la compréhension des autorités cantonales et fédérales, permet aux groupes artistiques venant des quatre coins du monde de s’exprimer au travers de leurs chants. Ils jouissent de tous les droits pour créer des groupes artistiques. A Genève, leurs enfants ou eux-mêmes peuvent suivre gratuitement des cours de langue maternelle à l’Université, à la Bibliothèque Interculturelle de la Croix-Rouge genevoise, à « Camarada » etc. Ils ont leurs librairies où ils peuvent trouver des livres bilingues, ainsi que dans leur langue maternelle. Personnellement, j’ai donné ma contribution modeste pour l’intégration des albanais en Suisse : j’ai réalisé avec le professeur Francine Koch le recueil bilingue : « L’enfant albanais aux yeux noirs », « Les Contes de la Suisse » (bilingue) de l’académicien, écrivain et professeur albanais de pédagogie et de psychologie, Bedri Dedja, ainsi que « Le carrousel des rêves » de l’écrivain suisse, Marie-Lucie Dayer, en albanais.
Toutes les populations vivant à Genève, grâce à la législation, même si elles sont naturalisées, ce dont elles sont très reconnaissantes à la Suisse, peuvent garder la nationalité de leur pays d’origine : l’italienne, espagnole, albanaise, africaine etc. Donc, elles ont le droit à la double nationalité, leurs enfants pourront savoir d’où ils viennent et quelle est leur origine, un atout qui n’est pas courant dans d’autres pays du monde. Un jour ces enfants pourront décider de rentrer dans leur pays d’origine, de reconstruire la terre natale.

Chapeau pour Genève, une ville internationale, calme et prospère, une ville de tourisme, de banques, mais aussi qui accueille dans son sein des milliers d’étrangers qui travaillent et qui vivent en harmonie ! Se comporter d’une manière saine envers le peuple et la nation qui t’a donné refuge, travail et droits fondamentaux, est lié avec la responsabilité que sent chaque Européen, tant Albanais, que Français, Allemand, Bulgare, ainsi que des Africains, ou Arabes, etc., cultivés, pour le destin des autres peuples du continent et du monde!

« Le Courrier » 17 mars 2004

9 Avril. Je me rappelle, un soir nous étions invités par Francine Koch, dans la crèche “ La dent de lait ” où était organisée une fête pour l’Albanie. Tout l’entourage était avec des photos de l’Albanie, des enfants suisses et albanais joyeux et jouant ensemble. D’une radiocassette nous entendions de la musique albanaise. On avait préparé aussi des plats albanais qui ont été beaucoup appréciés. Le moment le plus émotionnant fut quand Shqipe et son groupe de Kosova ont donné un spectacle de musique et de danses albanaises.
A ce moment, il me paraissait que la crèche était située quelque part en Albanie, parce que tous chantaient et dansaient sur de la musique albanaise, même et prononçant les mots en albanais…La crèche “ La dent de lait ” organisait la journée qui était consacrée à l’amitié entre les enfants albanais et suisses. D’ailleurs, Francine a très bien écrit tous ses souvenirs dans son livre bilingue : français - albanais “ L’enfant albanais aux yeux noirs ” …A ce moment, je me suis rappelé que la crèche était décorée de fleurs, mais aussi de drapeaux albanais et suisses… Un grand symbole…Et pourtant, des années auparavant quand j’étais en train de voyager en avion vers l’Albanie, mon ami Péter Gadient, le représentant de SWISSAIR (aujourd’hui SWISS) pour l’Albanie était près de moi. Comme toujours, il me plaçait en première classe, parce qu’il voulait discuter des problèmes des relations entre les deux pays dans le domaine des communications aériennes. Il était un peu retenu, ce jour là. D’habitude, nous rigolions et il buvait un peu plus que d’habitude, pendant que nous parlions de ses séjours fréquents en Albanie, de l’hospitalité albanaise, du bon “ cognac ”   albanais. Il exprimait le souhait de traiter encore quelque temps les affaires avec l’Albanie, bien qu’il soit déjà vieux…Il m’a expliqué que dans le bureau de Swissair à l’hôtel “ Dajti ”, quelqu’un, apparemment un bureaucrate sans vision large, lui avait défendu de mettre l’emblème de la Suisse, la croix blanche sur fond rouge…Moi j’étais très ennuyé, mais j’ai pu me retenir et je lui ai promis que dès mon arrivée à Tirana, j’allais rencontrer mon supérieur…
Je suis allé seulement dix minutes chez moi pour rencontrer ma mère et mon fils, et tout de suite je me suis rendu au ministère. Je suis entré directement dans le bureau du ministre, après en avoir eu la permission par son secrétaire. Le ministre Reis Malile m’a accueilli avec beaucoup de cordialité, comme d’habitude. Un homme d’une simplicité remarquable considérant son poste, avec un grand cœur et beaucoup de caractère. Je me suis souvenu que le président de l’association des aveugles était venu lui demander de créer des liens avec d’autres associations de par le monde. Il m’a confié cette tâche et moi je l’ai accomplie avec beaucoup de plaisir. J’éprouve de la confiance et du respect pour cet homme. Il est pour moi comme un proche de la famille, car dans une situation très douloureuse et préoccupante  que je raconterai un jour, il m’a beaucoup encouragé…Je gardais une distance avec lui, pour ne pas brûler les étapes, quand nous étions en discussion avec d’autres personnes, mais quand nous étions seuls, je n’hésitais pas à lui parler ouvertement. Souvent, il me donnait des conseils très valables qui me restent encore en mémoire. Surtout il était un homme d’un caractère particulier. Quand nous nous réunissions les soirs à New York, entre  copains et nous buvions un coup, souvent il nous retrouvait, non pas pour boire, parce qu’il ne buvait pas, mais il avait envie de discuter avec nous. Je me rappelle qu’une fois nous sommes allés à New York et son oncle l’a invité chez lui. Il était installé là depuis des dizaines d’années, un des premiers albanais des années trente qui était parti en Amérique.  Après la discussion chaleureuse, l’oncle de Reis a sorti un petit magnétophone et lui a dit : “ Prends cela comme souvenir pour tes filles ”. Reis est devenu rouge et a dit : “ Je ne peux pas l’accepter, nous étions bien ici et nous avons eu du plaisir, mais cela c’est de trop ”. L’oncle a insisté en disant que c’était un cadeau pour les filles, un petit signe pour qu’elles se souviennent de lui bien qu’elles ne l’aient pas vu. Reis n’a pas accepté. Un des copains de New York a pris le magnétophone offert par l’oncle de Reis et il l’avait rapporté avec lui. Il a “ eu une bonne douche ” car il avait pris le cadeau sans sa permission. Nous avons pu résoudre cette situation en disant au camarade Reis que l’oncle lui avait donné seulement quelque chose de symbolique…    

2 mai. J’étais à Dorf chez Ruth et Walter Borner, ce jour-là de l’année 1991 quand Ruth m’a dit qu’elle voudrait aider les enfants albanais. Elle m’a demandé ce qu’il fallait envoyer en Albanie et moi je lui ai suggéré…Depuis, elle a fait  une campagne dans son journal à Zurich et pendant des semaines les colis étaient pleins de tricots, de chaussettes, de gants, de livres, crayons, cahiers et tant d’autres choses utiles. Tout était près. Ruth et Walter se sont rendus eux-mêmes à Tirana. Le vol de Swissair a assuré gratuitement l’envoi de tous les colis. Un bon souvenir pour les enfants albanais, et un grand plaisir pour mes amis Borner pour lesquels je garde le meilleur sentiment de sympathie…Comme pour beaucoup de suisses comme eux, qui dans le cadre des divers projets, ont aidé et aident les albanais…

3 juin. Quand je vais à la campagne suisse, je suis émerveillé par les fleurs sur les balcons, les drapeaux avec l’emblème de la Suisse ou du canton, par les gens simples qui te saluent dans la rue. Cela me rappelle les années de mon enfance quand je me rendais à Fieri chez mes cousins et chacun saluait l’un l’autre, même sans le connaître. Les gens ne parlent pas à haute voix, ne taquinent pas les filles dans la rue ou dans les bus, tout est propre et “ décoré ” par le travail de braves gens  et honnêtes qui ne s’arrêtent pas de travailler, mais qui savent aussi s’amuser…
Ce jour-là, j’étais avec un de mes amis d’Albanie, dans un village près de Lausanne. Nous sommes allés chez une connaissance et il nous retenu dans une petite ferme. Nous  avons salué les maîtres de maison qui nous ont embrassés et nous ont invité à boire une petite coupe de rouge, produite avec leur vignoble…Nous  étions assis au séjour et la dame nous a servi une grande tasse de confiture. L’ami de l’Albanie a eu le premier la tasse de confiture, il a commencé à manger…Il continuait de manger et n’en finissait pas…Après un instant, en rougissant, il a dit : “ Je ne peux plus manger”…
Moi, à voix basse, je lui ai dit : “Il ne faut pas s’excuser, parce qu’ici comme chez nous, l’habitude est que l’on prend seulement une cuillère de confiture”!
Je me suis efforcé de remédier l’erreur, en disant aux maîtres de la maison que dans une région en Albanie on a l’habitude de servir comme ici une grande tasse de confiture, mais que même là-bas il y avait des gens qui ne savaient pas comment faire et ils mangeaient plus, en pensant que de cette façon ils respectaient les maîtres de maison.
La paysanne suisse, avec ses joues rouges, a répondu: “Que cela lui fasse du bien à l’ami de l’Albanie. Puisque cela lui a plu, je suis très contente. A votre santé et au revoir l’année prochaine en Albanie”….
    Un désir qui a été réalisé et les amis suisses ont été séduits par la campagne albanaise et son environnement.

Crans-Montana, 10 août 2009. Ici je suis libre d’écrire, entouré comme un homme parmi les hommes. Je continuerai mon journal bientôt…
Henk Verloo, Infirmier-chef, Clinique Genevoise de Montana.jpg
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Alfredi në një çast pushimi në Montana
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