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Alfred Papuçiu: Hommage pour un médecin noble suisse

E merkure, 22.07.2009, 03:51 PM


Hommage pour  un médecin noble suisse

Alfred Papuçiu

 Voici bien des années que je voulais écrire à propos de l'une des pionnières de la médecine moderne genevoise, mais sa modestie, sa sagesse et l'idée qu'elle ne serait pas ravie que l’on parle d'elle, m'ont freiné. C'est un hommage rendu à ce médecin qui a donné la joie et l'optimisme pour la vie à tant d'enfants, adolescents et à leurs parents, qu'ils soient suisses ou étrangers, ceux qui vivent dans la société multiethnique de Genève et en Suisse, mais qui sont optimistes avec le progrès de la médecine, qui ont la certitude que leur avenir sera meilleur. Elle est partie de ce monde, à l'âge de 76 ans. Elle était sereine, tacite, sage, sans se plaindre une fois. Elle écoutait ses collègues ainsi que le personnel soignant de l’Hématologie, de Médecine A 1 et des autres services de l’Hôpital Cantonal Universitaire de Genève, puis elle rassemblait les esprits, afin de permettre à l’ensemble, dans les colloques quotidiens, d’élaborer une solution créative, pour intervenir au moment favorable. Elle appartenait au groupe de médecins nobles suisses qui savent comment vous faire du bien, en ayant chacun sa pratique quotidienne, mais toujours en consultant l’un l’autre. « Il faut se battre », disait-elle. « On guérira ; la chimio se met à transformer le corps »… « Quelle chouette doctoresse !», disait sa patiente Nathalie, ainsi que Sandra, Ophélie, Laura souffrant de la Thalassémie (maladie héréditaire), quand elle lui administrait un nouveau chélateur, pour leur thérapie quotidienne… « Ca ira bien bientôt », disait dresse Wyss. Elle m’avait dit qu’elle trouvait dans le livre « L’éducation thérapeutique des patients : nouvelles approches de la maladie chronique » de la psychologue Anne Lacroix et du professeur en médecine Jean-Philippe Assal, « une réponse  pour la motivation à se soigner, non pas seulement pour les patients diabétiques, mais aussi pour les patients enfants, adolescents et majeurs qui souffrent des maladies chroniques, génétiques, comme la Thalassémie ». Elle lisait avec beaucoup de plaisir la revue « Magazine du TIF » et d’autres publications de ses confrères suisses, les professeurs Jean-Philippe Assal, Photis Beris, James Humbert, Dr Hulya Ozsahin, Dr. Claude Irlé, Dr. Jean-François Babel, le prof. Bernadette Modell (Grande Bretagne), le prof. Alan Cohen (Philadelphie), le prof. Guido Lucarelli et Antonio Piga (Italie), le prof. Robert Girot (France), le prof. Nancy Oliveri (Canada), du Dr Matthew Demetriades (Ph.D.) généticien et secrétaire de « Doctors of the World et Directeur des projets au TIF,  le Prof. Selaudin Bekteshi et Enis Boletini (Albanie), ainsi que les livres « A propos de la Thalassémie » de la Dresse Androulla Eleftheriou, Directrice scientifique de la Fédération Internationale de la Thalassémie (TIF). Elle a eu des larmes aux yeux, pour le combat mené contre la Thalassémie, par le Président du TIF, Panos Englézos, bien que son fils, Georges, hommes d’affaires, soit mort à l’âge de 27 ans. « La vie continue, et il faut se battre pour les autres patients vivants et qui sont optimistes pour l’avenir »…disait telle. Elle soutenait mon idée de collaborer encore plus, avec des Associations en Europe, comme par exemple l’Association Française Thalassémie et toutes autres maladies de l’hémoglobine à Grenoble, présidée par Alphonse Incardona, un Thalassémique de 46 ans, plein d’espoir pour son avenir. Elle me disait toujours qu’en Italie, en France, en Albanie, et partout en Europe, à cause de l’ouverture des frontières, des migrations, le dépistage se doit faire obligatoirement lors de l’examen prénuptial et surtout les jeunes couples doivent s’y soumettre. Comme dit Alphonse, à juste titre qui a parlé dernièrement souvent avec moi, le fait de pouvoir parler avec d’autres malades permet à beaucoup de mieux accepter la maladie. Il souhaitait inviter Dr Wyss à la Conférence Internationale de Grenoble en septembre prochain, pour parler de son expérience exemplaire, mais son souvenir sera avec les autres collègues suisses qui seront invités là-bas… Marinette a eu le titre Doctoresse en médecine en 1973. Elle était encore jeune quand elle a créé le Centre de l'Hématologie et de l'Oncologie Pédiatrique, à l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève. Elle a été une des premières femmes de la médecine moderne suisse, mais sa modestie, sa sagesse, ont fait qu'elle n'affichait pas ses acquis: curieuse, tellement humaine et chaleureuse, elle a suivi son chemin, marquant son parcours professionnel par sa créativité, sa ténacité, sa générosité; elle avait la capacité de créer des ponts, de communiquer avec d'autres collègues en Suisse, en France, en Italie, aux USA, Canada, en Grande Bretagne, en Albanie, en Grèce et ailleurs et tous les acquis dans le domaine de l'Hématologie, du suivi adéquat des malades leucémiques, thalassémiques et autres maladies du sang, elle les attribuaient surtout à ses collègues de l'Equipe soignant de l'Hématologie à l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève. Elle n’oubliait pas les voyages aux USA, en France et ailleurs, organisés pour les enfants malades, avec le concours de la Fondation François Bagnoud, présidée par la comtesse Albina du Boisrouvray et l’Association qui porte le même nom. Cette Association suisse soutient plus d’une 20 d’initiatives, aussi dans le domaine des droits de l’enfant, de la santé partout dans le monde. Elle a donné plusieurs fois son avis et a collaboré avec l'association ARFEC à Genève. Je garde le meilleur souvenir de Marinette qui m’a donné un coup de main inoubliable, pour réaliser le livre « L’espoir pour le futur » avec des témoignages et le travail inlassable, de ces professeurs humains suisses et de par le monde, du TIF et de « « Cooley’s Anemia Foundation » à New York et des Associations qui combattent contre la Thalassémie et d’autres maladies génétiques, pour trouver bientôt un remède, pour avancer dans les transplantations de la moelle osseuse, dans l’utilisation du cordon ombilical, avancer dans le traitement thérapeutique et transformer un jour le gène défectueux. Elle a travaillé  presque trois décennies à l'Hôpital des Enfants à Genève, a participé à de maints congrès et séminaires, a vu des enfants qui au début avaient peur de l'hôpital, des transfusions et des analyses, mais avec sa douceur, ses mots, a pu les convaincre de l'utilité des traitements. En commun, avec l'équipe très sympathique et compétente de l'Hématologie, elle a tout fait pour soigner et guérir des enfants atteints de maladies immunodéficitaires. Je me souviendrai des jours passés ensemble, où nous nous parlions des enfants et des adolescents qu'elle avait guéri, des moments difficiles mais surtout agréables; je lui rappelais qu'elle était toujours présente dans les services d'Hématologie et elle rayonnait et bien qu'elle n'était plus dans le service à cause de sa propre maladie, c'était un petit réconfort pour elle de d’être encore indispensable; elle m'avait confié beaucoup de souvenirs inoubliables, ou aussi nous avons feuilleter ensemble ses écrits, ses livres de médecine, ses peintures "souvenirs" des patients, de ses voyages en Russie et ailleurs, avec Caroline et d'autres collègues, pour promouvoir le service médical là-bas; elle n’avait pas accepter d’aller en Belgique avec son ami James, parce qu’elle ne voulait pas laisser tomber le service hématologique à Genève, quelle avait créé avec ses collègues. Je me souviens des nuits quand l'aimable Dr. Wyss souffrait, et une traductrice, qui lui doit la vie d'un être très cher, restait près d'elle, en le consolant, en lui donnant même si peu à manger, en lui caressant ces cheveux gris. Marinette a été malade, quand elle a reçu la revue "American Journal of Medical Genetics" où était publié son article pour les recherches en hématologie et en oncologie. Les médecins de son équipe l'avait envoyé, pour lui faire un cadeau. C'est vrai qu'ils ne l'oubliaient, bien qu'elle soit déjà à la retraite. Aussi de par son expérience, elle a été appelée pour donner sa contribution à l'Hôpital de la Tour à Genève, ainsi qu'au CHUV de Lausanne, comme chef du département de la Pédiatrie. Ses études sur « la transplantation de la moelle osseuse », avec ses collègues le prof. Photis Beris, Dr. Pierre Wacker, Dr. B. Chapuis dans « Le précis de Pédiatrie », Lausanne ; ainsi que des centaines d’études sur l’anémie des prématurées et les conséquences thérapeutiques ; ses articles avec le Prof. M. Beghetti, Dresse M. Caflisch dans « Médecine et hygiène », Genève , ainsi que dans « European Journal of Cancer » avec Prof. C. le Coultre et Dr. Bugmann, dans « Harwood Academic Publications » en Amsterdam ; dans « European Journal of Pediatrics » et tant d’autres, sont un témoignage de son travail inlassable pour trouver un traitement moderne et adéquat pour les patients qui souffrent des maladies génétiques, qui sont répandues dans le bassin méditerranéen, mais aussi dans les pays arabes, au Maghreb, en Asie, ainsi qu’aux USA, au Canada et ailleurs, à cause des migrations.
Un souvenir inoubliable pour moi et pour tous ceux qui l’ont connu, sera ce samedi à Victoria Hall quand l'orchestre de Lausanne, sur l'air de "Joyeux anniversaire" faisait appel à une dame sérieuse, qui ne parlait pas beaucoup, mais qui a eu des sentiments humains, hors pair. Elle est partie, mais des centaines et de centaines de ses patients enfants, adolescents, majeurs, des suisses et des autres nations qui ont choisi la Suisse, comme leur terre de séjour, se souviendront de Doctoresse Wyss, d'un être vivant et rayonnant : tous se souviendront d'elle, de son extraordinaire générosité de cœur.


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