E premte, 19.04.2024, 07:21 AM (GMT+1)

Shtesë » English » Français

Des esquisse et des contes littéraires par Alfred Papuçiu

E hene, 06.05.2019, 07:57 AM


Des esquisse et des contes littéraires par Alfred Papuçiu

Le représentant des femmes

Esquisse littéraire

Cette année-là à Nairobi la Conférence Mondiale des Femmes a tenu ses assises. On a proposé à Arban de partir avec la délégation des femmes puisqu'il avait une expérience avec les organisations internationales. Naturellement, il a accepté,  avec le désir de voir ce beau pays africain et non pas tellement pour écouter les discours qui souvent sont monotones et n'apportent pas grande chose de nouveau. Surtout, en arrivant à Nairobi, il avait envie de sortir dans la nature. Quelle beauté dans le grand parc des fauves près de Nairobi ou chez Giri-Giri où il y avait seulement des indigènes ! Le chauffeur était sympathique, du Skrapar, une région au sud de l'Albanie. Bien qu’Arban le taquinait en lui disant : "Tu te crois de Skrapar, mais tu ne peux pas aller directement à l'hôtel par cette rue (qui avait seulement un sens), mais tu dois aller tout autour". Arban lui racontait aussi l'histoire d'Ali Pacha de Tepelenë (sa fille a été mariée avec le Conte de Monte Christo). Ali Pacha de Tepelenë avait envoyé un cheval à Skrapar comme cadeau pour le chef de cette région, mais on lui a rendu, après quelques jours parce que tous considéraient qu'ils étaient les premiers dans ce district ? !  
Le chauffeur de Skrapar, avec sa simplicité les faisait aussi rire. Le marché et les magasins de Nairobi étaient pleins de marchandises, mais le pouvoir d'achat pour les habitants était faible. Pourtant les prix étaient raisonnables pour quelqu'un qui venait de l'étranger. Le chauffeur hésitait à acheter quelque chose quand on allait dans les magasins. Arban le taquinait. "Mais achète quelque chose, parce que c'est vraiment bon marché. Pour toi c'est presque gratuit, tu as un salaire et l’indemnité de déplacement ici est un surplus. Suppose que tu n'ais pas cela".
Un jour, la déléguée hésitait à acheter une paire de chaussures, mais l'ami du Skrapar, n'a pas supporté et lui a dit : "Mais, achète-les, Madame... parce que pour vous ils sont gratuits". Tous ont rit. Arban l'a taquiné encore une fois, en lui disant que s'il lui avait dit "Achète, parce que c'est gratuit, c'était seulement entre nous et non pas pour les autres et surtout pour la femme de..."
Mais quand ils devaient partir de Nairobi et ils se préparaient à monter dans l'avion, le chauffeur a dit : "Un avion est tombé hier quand il a décollé de Nairobi". La déléguée est devenue très pâle... Les autres retenaient à peine leur sourire...    
Bien. Laissons ces histoires drôles et revenons dans celle plus intéressante pendant les travaux de la Conférence. La plupart des délégations étaient composées par des femmes, mais par - ci par - là il y avait des hommes qui les accompagnaient. Un jour quand la présidente de la Conférence a appelé la présidente de la délégation de C., tous étaient stupéfaits, parce qu'à la tribune est apparu un homme. Mais il n'était pas gêné du tout. Il a commencé son discours : "Chères déléguées, je représente les femmes de mon pays..."    
Cela a déclenché l'hilarité dans la salle. A ce moment Arban s'est souvenu que dans son pays, les premières années après la Libération, dans une ville du sud, un homme avait tenu un discours, en mentionnant au début : "Nous, les femmes...".

1975

L'histoire du fermier américain

Ce jour là, nous étions invités à aller à la ferme d'un ami qui habitait à des dizaines de kilomètres de New York. Après cette semaine fatigante dans les commissions de l'ONU, c'était une distraction que nous ne pouvions pas refuser. Nous étions habitués à sortir  quelque part à  New York chaque week-end, une ville extraordinaire non seulement pour les gratte-ciels, mais aussi pour le Central Parc qui donnait de l’oxygène à cette ville gigantesque, où l'un courait, même s’il ait beaucoup mangé, l’autre avait mis un pardessus, bien que le ciel ait été seulement un peu gris et personne ne pensait qu'il y aurait de la pluie, un autre qui embrassait son amante. C'était un plaisir pour moi de sortir à New York et bien que mes enfants et la famille  me manquent à ce moment, c'était un repos particulier pour moi. Souvent, en intimité, je discutais avec un collègue : " Quand notre pays sera –t-il comme celui- ici ?". Je me rappelle, une fois quand j'allais au travail dans la ville où j'habitais, c'était le début du mois de septembre, j'avais mis le pardessus et quelqu'un m'avait arrêté : "Eh ! Monsieur, pourquoi as- tu mis le pardessus. Personne ne l'a encore mis". Je l'ai vu, mais je n'ai pas répondu et j'ai continué le chemin. Je ne voyais pas pourquoi continuer cette mesquinerie où l'un ou l'autre voulait intervenir sans raison dans ce qui était intime, même en ce qui concerne la manière de s'habiller. Tandis qu'ici en Amérique, chacun agit et pense selon son désir, naturellement sans passer les normes de la citoyenneté.                                  

Revenons à notre départ : la ferme hors de New York, ce week-end de l'année 198... Vers "Washington City", une petite ville près de laquelle était Washington en miniature. Quand nous nous sommes approchés de la ferme, c'était une vue merveilleuse.  Des champs de maïs immenses. Près d'une maison de deux étages, était l'étable des vaches. Tout était mécanisé. Le propriétaire, un homme sympathique qui avait terminé ses études comme instituteur dans son pays, aimait le métier qu'il appliquait ici. Nous nous sommes assis autour d'une table avec des plats et des boissons abondantes.                                                                  

Après un moment de discussion et de souvenirs de notre pays, notre ami nous a présenté un jeune fermier américain, d'une trentaine d'années. Il nous a salués avec son accent américain caractéristique. Il était sympathique et on a remarqué qu'il adorait la profession de fermier. Il nous a raconté qu'il travaillait beaucoup, qu'il avait des problèmes avec les grandes entreprises concernant la production du lait, mais qu’en général tout allait bien.                                   

La discussion était honnête et à un moment donné on a parlé des Américains, de leur tempérament et de la belle ville de New York. Le jeune fermier, quand on lui a posé la question s'il avait la possibilité de rester ici ou d'aller à New York quelle serait sa préférence, a répondu :

- A vrai dire, je ne suis jamais allé à New York. Je n'ai pas de raison d'y aller. Ici la vie est meilleure, plus calme et moi j’y suis habitué. Peut-être, après quelques années j'irai la voir, mais pour le moment j'ai beaucoup de travail et je ne peux pas laisser les travaux de la ferme. Aussi, il faut dire qu'il me suffit de sortir pour avoir tout de suite les pieds dans les labours, les près, les champs. J'aime ce contact avec la nature et rien au monde ne peut me le substituer".       

Stupéfaits, nous voyions ce fermier et sans savoir la discussion s'est penchée vers la beauté de la vie dans la ferme, près de "Washington City".                 
1989    

Rhodes  et ses hommes

J’étais à Rhodes, pour participer à une conférence internationale. J’étais sorti en ville, après deux jours de réunions sans interruption, dans les salles d’un hôtel luxueux. Je voyais cette belle ville, au bord de la mer, avec ses immeubles caractéristiques, avec les boutiques pleins de souvenirs pour les touristes, ainsi que des gens paisibles qui nous saluaient, bien qu’on ne les connaisse pas. Dans mes mains j’avais des souvenirs pour mes proches, surtout pour mon fils et ma fille qui aiment de les apporter quelque chose des pays où je me rends pour visite de temps à autres.

Le soir d’avant nous étions restés très tard, dans la terrasse de l’hôtel, à la réception organisée par les amis du pays à notre honneur. Nous avons mangé les mets caractéristiques et nous avons bu l’ouzo grec, ainsi que nous avons entendu et nous avons chanté avec plaisir les “ bouzouki ” grecs.

J’attendais le bus qui pouvait m’amener à l’hôtel. J’étais en retard et de temps en temps je regardais ma montre. En ce moment, quelqu’un m’a approché. C’était un habitant de Rhodes qui avait remarqué que j’étais pressé et qui m’a dit dans un parfait anglais : “ Monsieur, est –ce que je peux vous aider ”.

J’ai vu qu’il avait une moto et je lui ai dit : “ Je voudrais arriver le plus vite possible à l’hôtel, parce que la réunion commence bientôt mais le bus n’apparaît pas ”. Il m’a répondu : “ Ne vous inquiétez pas, je vous amène là-bas en dix minutes ”.

Je suis monté dans la place arrière de la moto et après un moment nous sommes arrivés. Je voulais donner quelque chose au monsieur juste pour le remercier pour  la promptitude. Il a souri mais il n’a pas accepté. Seulement il m’a dit : “ C’est un honneur pour moi d’aider un visiteur étranger qui a aimé ma ville et qui est venu passer quelques jours ici ”.

Un sentiment  élégant pur d’un simple homme d’une ville qui grâce à ses beautés, mais à sa tranquillité, à l’aide que donnent ses habitants, attire sans arrêt des milliers de visiteurs étrangers…

1971

L’enfant albanais aux yeux noirs

Au fonds de la bibliothèque des auteurs étrangers sur l’Albanie et les albanais s’est ajouté un autre titre très attirant : “ L’enfant albanais aux yeux noirs ” de l’activiste humaniste et professeur suisse Francine Koch. Ce livre bilingue, français albanais est d’une nature particulière. “ Ce livre, ce sont des impressions personnelles, comme écrit l’auteur, à la fin, n’engageant que moi. Je les ai recueillis au cours de mes voyages réguliers en Albanie, de janvier 94 à février 97, dans le cadre d’un projet de développement à destination des crèches de Tirana. Ce livre est le fruit d’une rencontre. Comme dans toute vraie rencontre, il y a des moments de plaisir, de réussite, de partage, d’autres de doute, de blocage, d’énervements mais il y a toujours de l’estime pour des femmes et des hommes travaillant et vivants dans des conditions pour moi inacceptables… ”
Nous avons fait cette introduction pour montrer que seul le bon désir pour réaliser quelque chose pour les enfants albanais, a poussé le professeur suisse, Francine Koch à venir en Albanie…
Nous nous sommes rencontrés un beau jour, et Francine m’a dit qu’elle voulait publier des souvenirs d’Albanie et elle m’a proposé de les lire avant de les publier. Les souvenirs étaient déjà lus par l’écrivain renommé suisse Georges Haldas, ainsi que de quelques collègues de Francine… J’ai commencé avec plaisir leur lecture et après avoir apprécié la sincérité et la facilité de son expression, j’ai souligné que je pensais que c’était un beau souvenir et surtout avec une valeur particulière pour les gens qui travaillent avec la jeune génération en Albanie, indépendamment de quelques critiques aimables qui sont exprimés pour la continuité du travail avec eux. La seule observation que je lui ai faite c’était de “ baisser un peu la dose des critiques ” en lui soulignant que quelques albanais n’aiment pas les critiques aimables, ainsi cela serait bien de les éviter…
Francine a accepté mon opinion, et nous sommes tombés d’accord pour que la traduction du livre soit faite par moi. J’ai accepté avec plaisir de traduire “ L’enfant albanais aux yeux noirs ”. A vrai dire, j’ai lu le livre sans peine et la traduction me paraissait plus facile. Après un laps de temps, son  plaisir et mon contentement a été quand la publication réalisé par “ Toena ”, a été rendue publique à la Foire du Livre au Palexpo à Genève. La presse suisse et française, y compris celle albanaise a écrit. Francine a présenté le livre en Suisse et en France. Un journal entre autres écrivait : “ Le lecteur albanais, mais aussi celui francophone est étonné de la narration réaliste du milieu albanais. Contrairement aux nihilistes ou aux enthousiastes qui viennent, souvent, même en Albanie, ces dernières années, Francine Koch est une visiteuse qui écrit pour la vérité de la vie en Albanie. Et cela est décrit avec une profonde conscience de responsabilité, stimulée à chaque instant de la question sincère : “ Qui suis-je, devant la détermination, le courage, le grand espoir des albanais, moi qui suis loin des changements inattendus et le poids quotidien ?…Tandis que l’attitude émotionnelle, face à cette réalité découvre un trait commun avec les autres visiteurs de l’Europe occidentale depuis Georges Gordon Byron, Edith Durham, Julien Emery etc., qui ont écrit avec affection pour les albanais et l’Albanie. Ce sentiment est lié avec la responsabilité que sent chaque Européen cultivé pour le destin des autres peuples du continent ou du monde. Surtout d’un peuple dont la langue est une des 9 langues originales Inde - européenne, une des langues les plus anciennes et qui n’est pas dérivée d’une autre langue et qui est restée intact bien qu’elle ait été envahie par plusieurs occupants étrangers…Un peuple qui a eu mère Thérèse sa comme citoyenne, un pape, des gouverneurs, des empereurs et grands vizirs…
Respecter les autres, surtout quand ils ont des préoccupations et de grandes difficultés est un signe de dignité et de l’émancipation. Cet humanisme spontané est remarqué dans toutes les pages du livre “ L’enfant albanais aux yeux noirs ” que j’ai eu la chance de traduire dans ma langue maternelle.

Hommage pour un médecin noble suisse

Voici bien des années que je voulais écrire à propos de l'une des pionnières de la médecine moderne genevoise, mais sa modestie, sa sagesse et l'idée qu'elle ne serait pas ravie que l’on parle d'elle, m'ont freiné. C'est un hommage rendu à ce médecin qui a donné la joie et l'optimisme pour la vie à tant d'enfants, adolescents et à leurs parents, qu'ils soient suisses ou étrangers, ceux qui vivent dans la société multiethnique de Genève et en Suisse, mais qui sont optimistes avec le progrès de la médecine, qui ont la certitude que leur avenir sera meilleur. Elle est partie de ce monde, à l'âge de 76 ans. Elle était sereine, tacite, sage, sans se plaindre une fois. Elle écoutait ses collègues ainsi que le personnel soignant de l’Hématologie, de Médecine A 1 et des autres services de l’Hôpital Cantonal Universitaire de Genève, puis elle rassemblait les esprits, afin de permettre à l’ensemble, dans les colloques quotidiens, d’élaborer une solution créative, pour intervenir au moment favorable. Elle appartenait au groupe de médecins nobles suisses qui savent comment vous faire du bien, en ayant chacun sa pratique quotidienne, mais toujours en consultant l’un l’autre. « Il faut se battre », disait-elle. « On guérira ; la chimio se met à transformer le corps »… « Quelle chouette doctoresse !», disait sa patiente Nathalie, ainsi que Sandra, Ophélie, Laura souffrant de la Thalassémie (maladie héréditaire), quand elle lui administrait un nouveau chélateur, pour leur thérapie quotidienne… « Ca ira bien bientôt », disait dresse Marinette Wyss. Elle m’avait dit qu’elle trouvait dans le livre « L’éducation thérapeutique des patients : nouvelles approches de la maladie chronique » de la psychologue Anne Lacroix et du professeur en médecine Jean-Philippe Assal, « une réponse  pour la motivation à se soigner, non pas seulement pour les patients diabétiques, mais aussi pour les patients enfants, adolescents et majeurs qui souffrent des maladies chroniques, génétiques, comme la Thalassémie ». Elle lisait avec beaucoup de plaisir la revue « Magazine du TIF » et d’autres publications de ses confrères suisses, les professeurs Jean-Philippe Assal, Photis Beris, James Humbert, Dr Hulya Ozsahin, Dr. Claude Irlé, le prof. Bernadette Modell (Grande Bretagne), le prof. Alan Cohen (Philadelphie), le prof. Guido Lucarelli et Antonio Piga (Italie), le prof. Robert Girot (France), le prof. Nancy Oliveri (Canada), du Dr Matthew Demetriades (Ph.D.) généticien et secrétaire de « Doctors of the World et Directeur des projets au TIF,  le Prof. Selaudin Bekteshi et le Prof. Enis Boletini (Albanie), ainsi que les livres « A propos de la Thalassémie » de la Dresse Androulla Eleftheriou, Directrice scientifique de la Fédération Internationale de la Thalassémie (TIF). Elle a eu des larmes aux yeux, pour le combat mené contre la Thalassémie, par le Président du TIF, Panos Englézos, bien que son fils, Georges, hommes d’affaires, soit mort à l’âge de 27 ans. « La vie continue, et il faut se battre pour les autres patients vivants et qui sont optimistes pour l’avenir »…disait telle. Elle soutenait mon idée de collaborer encore plus, avec des Associations en Europe, comme par exemple l’Association Française Thalassémie et toutes autres maladies de l’hémoglobine à Grenoble, présidée par Alphonse Incardona, un Thalassémique de 46 ans, plein d’espoir pour son avenir. Elle me disait toujours qu’en Italie, en France, en Albanie, et partout en Europe, à cause de l’ouverture des frontières, des migrations, le dépistage se doit faire obligatoirement lors de l’examen prénuptial et surtout les jeunes couples doivent s’y soumettre. Comme dit Alphonse, à juste titre qui a parlé dernièrement souvent avec moi, le fait de pouvoir parler avec d’autres malades permet à beaucoup de mieux accepter la maladie. Il souhaitait inviter Dr Wyss à la Conférence Internationale de Grenoble en septembre prochain, pour parler de son expérience exemplaire, mais son souvenir sera avec les autres collègues suisses qui seront invités là-bas… Marinette a eu le titre Doctoresse en médecine en 1973. Elle était encore jeune quand elle a créé le Centre de l'Hématologie et de l'Oncologie Pédiatrique, à l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève. Elle a été une des premières femmes de la médecine moderne suisse, mais sa modestie, sa sagesse, ont fait qu'elle n'affichait pas ses acquis: curieuse, tellement humaine et chaleureuse, elle a suivi son chemin, marquant son parcours professionnel par sa créativité, sa ténacité, sa générosité; elle avait la capacité de créer des ponts, de communiquer avec d'autres collègues en Suisse, en France, en Italie, aux USA, Canada, en Grande Bretagne, en Albanie, en Grèce et ailleurs et tous les acquis dans le domaine de l'Hématologie, du suivi adéquat des malades leucémiques, thalassémiques et autres maladies du sang, elle les attribuaient surtout à ses collègues de l'Equipe soignant de l'Hématologie à l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève. Elle n’oubliait pas les voyages aux USA, en France et ailleurs, organisés pour les enfants malades, avec le concours de la Fondation François Bagnoud, présidée par la comtesse Albina du Boisrouvray et l’Association qui porte le même nom. Cette Association suisse soutient plus d’une 20 d’initiatives, aussi dans le domaine des droits de l’enfant, de la santé partout dans le monde. Elle a donné plusieurs fois son avis et a collaboré avec l'association ARFEC à Genève. Je garde le meilleur souvenir de Marinette qui m’a donné un coup de main inoubliable, pour réaliser le livre « L’espoir pour le futur » avec des témoignages et le travail inlassable, de ces professeurs humains suisses et de par le monde, du TIF et de « « Cooley’s Anemia Foundation » à New York et des Associations qui combattent contre la Thalassémie et d’autres maladies génétiques, pour trouver bientôt un remède, pour avancer dans les transplantations de la moelle osseuse, dans l’utilisation du cordon ombilical, avancer dans le traitement thérapeutique et transformer un jour le gène défectueux. Elle a travaillé  presque trois décennies à l'Hôpital des Enfants à Genève, a participé à de maints congrès et séminaires, a vu des enfants qui au début avaient peur de l'hôpital, des transfusions et des analyses, mais avec sa douceur, ses mots, a pu les convaincre de l'utilité des traitements. En commun, avec l'équipe très sympathique et compétente de l'Hématologie, elle a tout fait pour soigner et guérir des enfants atteints de maladies immunodéficitaires. Je me souviendrai des jours passés ensemble, où nous nous parlions des enfants et des adolescents qu'elle avait guéri, des moments difficiles mais surtout agréables; je lui rappelais qu'elle était toujours présente dans les services d'Hématologie et elle rayonnait et bien qu'elle n'était plus dans le service à cause de sa propre maladie, c'était un petit réconfort pour elle de d’être encore indispensable; elle m'avait confié beaucoup de souvenirs inoubliables, ou aussi nous avons feuilleter ensemble ses écrits, ses livres de médecine, ses peintures "souvenirs" des patients, de ses voyages avec Caroline Porcher et d'autres collègues, pour promouvoir le service médical là-bas; elle n’avait pas accepter d’aller en Belgique avec son ami James, parce qu’elle ne voulait pas laisser tomber le service hématologique à Genève, quelle avait créé avec ses collègues. Je me souviens des nuits quand l'aimable Dr. Wyss souffrait, et une traductrice, qui lui doit la vie d'un être très cher, restait près d'elle, en le consolant, en lui donnant même si peu à manger, en lui caressant ces cheveux gris. Marinette a été malade, quand elle a reçu la revue "American Journal of Medical Genetics" où était publié son article pour les recherches en hématologie et en oncologie. Les médecins de son équipe l'avait envoyé, pour lui faire un cadeau. C'est vrai qu'ils ne l'oubliaient, bien qu'elle soit déjà à la retraite. Aussi de par son expérience, elle a été appelée pour donner sa contribution à l'Hôpital de la Tour à Genève, ainsi qu'au CHUV de Lausanne, comme chef du département de la Pédiatrie. Ses études sur « la transplantation de la moelle osseuse », avec ses collègues le prof. Photis Beris, Dr. Pierre Wacker, Dr. B. Chapuis dans « Le précis de Pédiatrie », Lausanne ; ainsi que des centaines d’études sur l’anémie des prématurées et les conséquences thérapeutiques ; ses articles avec le Prof. M. Beghetti, Dresse M. Caflisch dans « Médecine et hygiène », Genève , ainsi que dans « European Journal of Cancer » avec Prof. C. le Coultre et Dr. Bugmann, dans « Harwood Academic Publications » en Amsterdam ; dans « European Journal of Pediatrics » et tant d’autres, sont un témoignage de son travail inlassable pour trouver un traitement moderne et adéquat pour les patients qui souffrent des maladies génétiques, qui sont répandues dans le bassin méditerranéen, mais aussi dans les pays arabes, au Maghreb, en Asie, ainsi qu’aux USA, au Canada et ailleurs, à cause des migrations.
Un souvenir inoubliable pour moi et pour tous ceux qui l’ont connu, sera ce samedi à Victoria Hall quand l'orchestre de Lausanne, sur l'air de "Joyeux anniversaire" faisait appel à une dame sérieuse, qui ne parlait pas beaucoup, mais qui a eu des sentiments humains, hors pair. Elle est partie, mais des centaines et de centaines de ses patients enfants, adolescents, majeurs, des suisses et des autres nations qui ont choisi la Suisse, comme leur terre de séjour, se souviendront de Doctoresse Wyss, d'un être vivant et rayonnant : tous se souviendront d'elle, de son extraordinaire générosité de cœur.

Les Albanais et la double nationalité

La Suisse accueille dans son territoire de 41 293 km carré et avec un nombre d’habitants de presque 7 millions, à peu près 200 000 albanais, ainsi qu’un nombre considérable d’italiens, d’allemands, de portugais, d’espagnols, des africains et des peuples d’autres pays. La Suisse est une confédération et dans ce petit pays, qui n’a même pas le double de la superficie de l’Albanie, travaillent et vivent en harmonie des habitants qui s’expriment en quatre langues nationales : l’allemand, français, l’italien et romanche. Les autorités de Genève, avant quelques années ont accepté le buste du héro national albanais, Skanderbeg qui est érigé près du lac Léman, à coté de l’Organisation Mondiale du Commerce. Les italiens à Rome regardent chaque jour le monument du héro national albanais à “ Piaca di Skanderbeg ”. Des efforts ont été faits pour ériger le buste de Skanderbeg à Londres, à Paris, New York et même en Allemagne où vivent des centaines de milliers d’albanais. Et peut-être un jour nous ou nos générations futures verront ce rêve réalisé.
Mais à part d’une telle possibilité, comme symbole de l’amour de la patrie et de la nation albanaise, cela serait plus propice qu’on aborde aussi le problème de la double nationalité. Je m’exprime plus en détail : pourquoi quelques Etats obligent les albanais, mais aussi les étrangers de renoncer à leur nationalité ? Ce problème est d’actualité pour tous les peuples des nations qui sont obligés de trouver un toit, un refuge ailleurs que dans leurs pays, à cause de la guerre, des hostilités, des problèmes raciaux, ethniques, etc. La Suisse dans cette direction donne un exemple très positif. Un petit pays très démocratique et prévoyant : grâce à sa législation, même si je me suis fais naturaliser suisse pour laquelle je suis très reconnaissant à la Suisse, je peux, comme des centaines de milliers d’étrangers qui habitent dans la Confédération helvétique, garder la nationalité de mon pays d’origine : l’italienne, espagnole, portugaise, albanaise, somalienne, turque, sri lankais. Donc en Suisse quiconque peut avoir la double nationalité. Un pays qui a quatre langues nationales, respecte aussi les citoyens des autres pays qui ont choisi la Suisse comme leur deuxième pays.
Qui a aidé plus que d’autres les albanais du Kosovo pendant la période de la guerre de 1999, où des centaines de milliers de kosovars ont été accueillis à bras ouverts en Suisse et ont eu recours souvent pour la première fois aux soins médicaux des médecins humanistes suisses. Une partie d’eux ont pu regagner leur pays, dans le cadre du programme au retour de la Suisse. Des centaines de milliers de kosovars ont été hébergés dans les maisons neuves au Kosovo, des paysans et des éleveurs suisses ont donné gratuitement de leurs produits et des vaches pour ce pays des Balkans dévasté par une guerre inutile. Ce sentiment ne sera jamais oublié par les centaines de milliers d’albanais ou d’autres étrangers qui vivent en Suisse, qui respectent leur pays d’adoption, qui travaillent honnêtement et qui ne font pas partie de ces groupuscules qui nuisent à la réputation de leurs compatriotes et se livrent à la vente de la drogue, ou je ne sais pas quoi…Se comporter d’une manière saine envers le peuple et la nation qui t’a donné refuge, travail et tous les droits fondamentaux est lié avec la responsabilité que sent chaque albanais honnête, européen, africain, arabe, cultivé, pour le destin des autres peuples du continent et du monde.
La Suisse fait tout pour les albanais et les autres ressortissants étrangers pour sauvegarder leurs langues, leurs coutumes, cela serait bien que d’autres pays suivent cet exemple. Parce qu’un jour, la deuxième et la troisième génération voudrait retourner dans le pays de ses parents, pour vivre ou même rester quelques années. Mais si on nie la nationalité d’origine à tous ces étrangers qui sont installés en Europe ou ailleurs, pour des raisons économiques ou politiques, cela voudrait dire qu’un jour leurs enfants et leurs petits enfants ne sauront plus d’où ils viennent.
Cette question que j’ai soulevée dès le début, est liée avec la question de la double nationalité. Nous sommes fiers d’être albanais, comme les italiens, ou les chinois,  installés depuis des décennies aux Etats- Unis et qui ont leur quartier “ italien ”, ou “ chinois ”, leurs journaux, garde leur nationalité. La même chose est arrivée à tous les peuples et des générations qui ont été obligés de quitter leur pays pour une raison ou une autre. Ce phénomène est courant non pas seulement dans les pays en transition mais aussi des pays riches.
C’est pourquoi, je ne partage pas la même opinion avec cette étudiante albanaise qui pendant un colloque récent organisé à l’Université de Genève concernant la Constitution albanaise, a exprimé en confidence qu’elle a été pour quelques années dans un pays étranger et selon elle, là-bas les albanais avaient accepté de leur gré la nationalité de ce pays, en abandonnant celle albanaise. Elle pourrait mieux dire que les albanais comme les peuples des autres pays, pour une raison ou une autre ont été obligés de renoncer à la nationalité de leur pays d’origine. Ils n’avaient pas d’autres choix, parce que le pays d’adoption ne leur donne pas la possibilité comme la Suisse et d’autres pays d’avoir la double nationalité.
 Des centaines de milliers d’albanais éparpillés dans les quatre coins du monde, ne peuvent pas accepter un jour disparaître comme tels. Eux, et les générations futures ne peuvent pas nier que leurs racines soient rayées de l’histoire de l’humanité. C’est une grande question de principe pour des nations entières, si elles doivent exister encore au 4-ème millénaire.
Personnellement je pense qu’ un albanais honnête, comme un suisse, italien, allemand, portugais, français, africain, n’accepterait jamais de son gré la renonciation d’être reconnu celui qui a rejeté son identité en tant que ressortissant de son pays d’origine. L’Albanie est une vieille nation, qui a sauvegardé sa propre langue, les mœurs, bien qu’elle ait été envahie pendant des décennies par des occupants étrangers. Tout ce qui a été bien pendant des siècles, a été transmis de génération en génération, qu’un jour ces générations puissent rentrer dans leur terre riche, au bord de l’Adriatique et de la mer Ionienne, dans les plaines fertiles de Myzeqe, de Kosovo, ou dans les grandes montagnes.
Heureusement il y a dans le monde des pays qui ont une démocratie exemplaire et une législation adéquate et contemporaine comme la Suisse qui respecte l’origine et les racines des ressortissants étrangers qui ont choisi de vivre même temporairement ou pour toujours dans la terre helvétique, avec des gens travailleurs, heureux et qui ont une vision claire de l’avenir.

Des souvenirs d’une sincère camaraderie

Pendant que j’écris ces quelques lignes, mon esprit s’envole pour s’arrêter au souvenir de mon tout premier jour à l’école secondaire.

La cloche a sonné et je suis entré en classe tout ému. Je les voyais pour la première fois, mes camarades de classe. Ils ont tous pris place comme cela leur a convenu. Moi aussi, je me suis assis ou plutôt je me suis tapi dans un coin d’un banc au fond de la classe.

Une fille de grande taille avait pris place juste devant moi. Elle portait un tricot rouge sur lequel reposait une natte dense et dorée. Je ne sais pas pourquoi le désir m’est venu en ces moments d’avoir moi aussi un ami qui prendrait place à côté de moi, sur le même banc ; un ami avec qui je parcourrais le chemin long, difficile mais si beau de l’école secondaire. J’en aurais certainement plusieurs, mais pourquoi ne pas en trouver un dès le premier jour ! Cette fille, devant moi, serait-elle du même avis ? Apparemment oui ; et elle s’est montrée plus adroite que moi ; elle a tourné la tête, a ébauché un sourire et a parlé la première :

- Pourquoi est-ce que tu restes seul ? Viens t’asseoir ici. On reste ensemble !

J’ai rougi, troublé de son regard bienveillant et, sans mot dire, j’ai pris le cartable et, timidement, j’ai pris place auprès d’elle.

C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de ma camarade de banc.

Les jours s’écoulaient et petit à petit, cette honte que je ressentais à l’école primaire quand je devais rester avec les filles, je ne l’éprouvais plus. Nous causions souvent et restions ensemble dans la cours de l’école pendant les récréations et nous nous aidions à mieux assimiler les leçons. Quelle n’était sa satisfaction, lorsque j’avais de bonnes notes ! Quel courage elle me donnait de son regard quand, trouvé devant le tableau, je me laissais démonter !  (A vrai dire, j’ai été timide plus qu’il ne fallait ; c’est peut-être à cause de mes parents qui avaient encouragé ma nature un peu enfermée). Nous nous sommes liés d’une amitié si forte que nous partagions tout ce que nous avions de gai ou de triste.

Il m’est arrivé une fois d’avoir la note 2 en algèbre. La rancune contre moi-même était si grande que j’ai failli pleurer. J’avais étudié le soir précédent, mais je n’ai quand même pas pu résoudre le problème. Ereinté comme j’étais, la tête baissée, je suis retourné à mon banc. Elle m’a serré le bras et m’a dit à voix basse :

- Ne t’en fais pas, tu vas améliorer cette note !

La leçon finie, les élèves sont sortis ; mais, moi, je n’ai pas bougé. Et elle de reprendre :

- Pourquoi tu te laisses aller ainsi ? Ce n’est pas la fin du monde.

- Je nourris de la rancune contre moi-même, lui dis-je. Il m’arrive souvent de me laisser déconcerter.

- Tu sais, a-t-elle dit en souriant. C’est vrai que tu es un peu faible en algèbre. Ça te dirait d’étudier ensemble.

- D’accord, lui ai-je dit à mi-voix. Mais, je crains de devenir un obstacle pour toi.

- Ne dis pas ça, m’a-t-elle reproché. En étudiant ensemble, nous aiderons l’un l’autre.

Trois ans et demi se sont écoulés depuis ce jour-là. Nous avons réussi la neuvième, la dixième, et la onzième. Maintenant, nous devons passer le baccalauréat. Tous les deux à la même classe et au même banc. Etudier ensemble, cela est devenu une habitude. Aller ensemble au cinéma, également. Souvent, nous nous promenons ensemble.

Mais, il y en a eu, parmi les élèves, de ceux qui ont mal interprété notre amitié. Grande était ma révolte un jour, lorsque j’ai entendu quelqu’un me dire :

- Ça va avec la blonde ? Quel crampon que tu es ! Elle, non plus, ne reste pas derrière.

Tu devrais avoir honte de tes propres paroles, lui dis-je en l’interrompant. Comment est-ce possible de penser ainsi. C’est une camarade, notre camarade de classe. On étudie et on se promène ensemble. Quel mal il y a à cela ?

J’ai fait part à mon camarade de ce qui m’était arrivé en exprimant en même temps mon opinion qu’il serait peut-être mieux de ne pas rester longtemps ensemble, par ce que je ne voudrais pour quoi que ce soit nuire à sa personnalité.

- Ne te fais pas de bile, m’a-t-elle répondu. Ceux qui parlent d’une telle façon, ne connaissent pas l’amitié. Quoi qu’il en soit, je pense que même à l’université, nos chemins ne seront pas différents. Je ne sais pas, mais je sens que j’ai envie de t’avoir toujours à mes côtés, parce qu’avec toi je parle ouvertement et de tout, plus qu’avec mon frère.

Et, elle m’a embrassé instinctivement et je l’ai serrée fort dans mes bras en exprimant mon bonheur et ma chance d’avoir une camarade si bonne, si franche, si pure et si riche en sentiments humains. Souvenir d’une sincère camaraderie.

1965

Au volant

Mon copain a laissé le volant et est allé dans la carrosserie. Je me suis installé à sa place. Près de moi restait l'instructeur d’auto-école.  
J'ai tourné la clé et j'ai donné du gaz. Je tenais fort le volant. Le moteur s'est mis en marche, et moi j'ai passé en seconde après avoir démarré en première. Le camion a avancé. Il y avait des moments où je conduisais moi-même et à chaque fois que je changeais de vitesse, il me paraissait que j'étais devant un examen très difficile. Mes mains tremblaient et je n'étais pas sûr dans mes mouvements.      
Le camion avançait dans la rue asphaltée. Je regardais devant moi jusqu'à la limite de ma vue. J'ai encore accéléré. L'aiguille du kilométrage passa vers la droite. L'instructeur  sortit de sa poche un paquet de cigarettes, prit une cigarette, et l'alluma. De temps à autre il retournait la tête vers moi, mais il ne me parlait pas. On entendait seulement le bruit du moteur et la friction des pneus sur l'asphalte. Le chemin serpentait. Il y avait beaucoup de tournants. Nous roulions toujours dans ces rues. " Dans ces rues on sait ce que le chauffeur a dans les tripes", nous disait souvent l'instructeur.    
Je m’ennuyais et je me suis adressé à lui :  
- Instructeur, l’équipe de "Dinamo" a bien joué.    
L'instructeur  sourit et après avoir tiré sur sa cigarette, me dit :  
- Pourtant, même "Tirana" n'a pas mal joué. Les deux équipes sont bonnes.  Devant, dans la rue une fille était en train de passer. Peut-être avais-je envie de la saluer, mais j'avais l'inspecteur tout près. J’ai klaxonné, seulement.  
- Vieux malin- a dit l'instructeur en souriant- Laisse les filles tranquilles.   Sans le remarquer, je suis devenu rouge et une bouffée de chaleur m'a assailli. Je me suis rappelé Albana. "Elle est mignonne avec son corps souple et la taille haute. Elle a de beaux yeux. Ils brillent comme les étoiles dans un lac lorsque les rayons de la lune s’y reflètent. Ses cheveux de couleur dorée tombent sur ses épaules rondes et lisses. Nous, les garçons, nous sommes impudents", pensais-je.      
Des hirondelles, comme des flèches rapides,  survolèrent la rue, touchèrent la terre avec leurs ailes baissées, après elles  volèrent impétueusement vers le ciel.    
Aussi notre camion monta dans une rue de montagne, avec peine, comme une charrette, ensuite descendit la pente.    
Je serrais fort le volant et sans le vouloir, je plongeais dans mes pensées. La veille au soir j'avais rencontré Albana. Dès que je m’étais approché d'elle je l'avais attirée vers moi. L'un et l'autre nous sommes des bourreaux de travail. Mais dans notre paradis, nous voulions ne parler que d'amour. Je l'ai embrassée. Elle resta heureuse dans mes bras. Je sentis la chaleur de ses lèvres. Ensuite nous nous sommes assis sur un banc. Je pus distinguer que les traits de son visage avaient pris une expression de tristesse. J’ai mis cela en évidence. Elle m'a dit que son frère était déjà au courant que nous nous aimions et lui avait dit :    
"Laisse-le !

-Pourquoi ?        
- Il sera un chauffeur et toujours dans les rues.    
- Et après ?        
- Voilà. Quand les autres seront à la maison avec leurs femmes, il sera au volant. C'est un travail comme ça, ma sœur".
Le camion roulait dans la rue avec des virages et quand je freinais un peu devant elles, les freins faisaient le son habituel "Tchufff ".    
 Nous passions dans une rue non asphaltée. Les cailloux sortaient pointus comme des couteaux.
- Ah les pauvres pneus ! - dit l'instructeur. Qu'est qu'ils attendent, pourquoi ne font-ils pas des aménagements de rues ? Pourquoi ne mettent- ils pas une barrière ? Beaucoup de camions sont passés et ont détruit l'asphalte.  
 Je n'ai pas parlé. J'étais encore avec les mots de Albana. "Kujtim ! Je me suis opposé à mon frère. Même, je lui ai dit : "on ne plaît pas à quelqu’un par l'habillement ou par profession. Kujtim est un bon garçon. L'occasion était telle que nous nous sommes connus plus l'un et l'autre, et bien qu'en apparence nous puissions paraître différents, nous avions en même temps beaucoup de choses en commun. Il a aussi ses états d'âme, mais surtout il est humain et je ne peux pas me passer de lui". Son ton avait exprimé cet amour, ces sentiments profonds qu’elle exprimait quand nous nous rencontrions.        
 Je regardais toujours en avant. Au coin de la rue, à droite, quelques enfants jouaient au football. Un d'eux était près de la porte. Il a shooté et a marqué un but. De joie, il a couru après le ballon, et il est sorti dans la rue. Il était près de moi. J'ai freiné. J'étais vraiment énervé, mais je me suis maîtrisé. J'avais décidé de me dominer et de ne pas crier, surtout après la rencontre avec Albana. Peut-être, que le garçon qui jouait au football n'était pas coupable.
Quoi qu’il en soit, l'instructeur a tout de suite réagi :    
- Bien- a dit-il- Continue ! Baisse un peu la vitesse !  
Le temps devenait mauvais. Le ciel a froncé les sourcils. Un serpent rouge de lumière est apparu haut dans le ciel et tout d'un coup a disparu sans laisser de trace. On a entendu un coup fort. Une pluie fine a commencé à tomber. De temps en temps, ma main se posait sur la coupure dans la joue de la lame du rasoir. J'avais passé un moment pour arrêter le sang. Je me souvenais de la conversation de Albana avec son frère. Je devais parler aussi avec elle. Je lui parlerai calmement- pensais-je. Si quelqu'un ne peut pas lui ôter ses pensées erronées, elles seront multipliées comme l'herbe quand on ne le déracine pas".  
Je vis rouge. J'ai pensé commencer ainsi : " Eh, courge ! Tu es comme un coq en pâte
et quelle idée as-tu des chauffeurs. Tu ne sais pas encore ce que c'est la vie ! Elle est belle, même en roulant, mon frère!..."    
 J'ai entendu un klaxon. J'ai vu dans le miroir. Derrière mon camion il y en avait un autre. Je ne voulais pas le laisser me doubler. J'ai accéléré !  
 La pluie tombait sans arrêt. Le vent soufflait rageusement et les arbres se pliaient. La pluie retentissait dans le radiateur. Je serrais le volant et je passais les tournants avec facilité. Je pensais toujours au frère d’Albana.    
 " Enfin, peut-être je ne lui dis pas cruche. Il sera mon beau-frère, diable ! Il faut plus de tact, je dois le convaincre- pensai-je.    
 " Ecoute, mon ami, -allais-je lui dire. Ne reste pas comme ça devant moi, comme si ton bateau avait coulé. Albana m'aime, et moi aussi je l'aime. Elle aura bientôt vingt ans, elle n'est plus une gamine. Sois raisonnable! Tout ira bien entre nous. Moi je ne pense pas rester jour et nuit à rouler. Je trouverai la possibilité de rester près de ma femme et de mes enfants. Il suffirait simplement que vous évaluiez le bon côté des choses. Raisonnez de manière positive..."  
Le chauffeur du camion derrière continuait à klaxonner. La pluie tombait sur la fenêtre. Le vent soufflait. J'ai vu devant moi un troupeau de brebis. J'ai klaxonné. Je m'approchais du troupeau. Mais les brebis n’avançaient pas, ni le berger. Il était couvert avec pèlerine en peau de chèvre, avait mis son capuchon sur sa tête et on ne voyait  ni ses oreilles, ni ses yeux, mais seulement le bâton qu'il tenait dans la main. J'ai du freiner. J'étais énervé. "Je parlerai avec des mots vifs à mon beau-frère"- pensais-je.    
Quand je me suis approché du berger, j'ai sorti la tête par la fenêtre et sans m’en rendre compte j'ai sorti des mots que je ne devais pas prononcer.    
 - Eh, toi ! Pourquoi restes- tu planté comme un piquet ? Tu n'as donc pas entendu le Klaxon ?
Comme j'étais en train de réfléchir, j'ai du freiné fort, à tel point que mon corps était contre le volant.        
 - Je n'ai pas entendu, mon frère- a dit le berger.    
 - N'a tu pas d'oreilles ? Vas-y, met le bétail à côté!- lui ai-je dit et j'ai accéléré roulant entre les brebis. Je sortais la tête dehors et je faisais attention à ne pas écraser une brebis qui pourrait entrer entre les roues. "On peut avoir des ennuis à cause d'eux".  
Les agneaux bêlaient et on entendait la mélodie des clochettes. Ils étaient mouillés et ressemblaient à des brebis galeuses.    
 J'ai tourné les yeux vers l'instructeur. D'habitude il avait un visage radieux et calme, mais à ce moment-là il était maussade et imposant. Il a remarqué que j'étais en train de l’observer et il m'a dit :    
- Tu n'as pas bien agi, Kujtim.      
- Pourquoi ?          
- Eh oui, bonhomme, le vent soufflait dans le sens opposé ! Tu ne devais pas parler d'une telle manière au berger. Ce n'était pas sa faute. Il n'entendait rien.     J'ai remarqué qu'il était devenu un peu nerveux. Moi aussi j'ai exagéré avec ma véhémence. A cause de mon beau-frère, je ne m'étais pas retenu.    
 - Fais attention la prochaine fois avec les gens. Un chauffeur doit garder son sang-froid. Arrête le camion ! Dis à Edi de venir !- m'a dit l'instructeur.    
Je suis sorti. Le vent m'a flagellé le visage. Mon cœur me battait fort. J'ai respiré profondément. J'ai senti comme si j'avais passé sous la douche froide. A ce moment, le camion qui était derrière a doublé. Je n'ai pas tourné la tête. Je suis resté un moment sans bouger. J'avais les membres figés et ils n'obéissaient pas à ma volonté. Enfin je me suis redressé et j'ai vaincu les frissons. Je suis monté sur la carrosserie et j'ai dit à Eddy de prendre ma place. Je suis assis et j'ai fumé une cigarette. Le camion a commencé à rouler. Les pensées passaient comme dans un film devant moi. Quelque fois il me semblait 'entendre la voix de l'instructeur. "Fais attention avec les gens, Kujtim ! Le chauffeur doit garder son sang-froid..." Eh, si l'instructeur savait pourquoi j’avais parler ainsi au berger !  
Ensuite, je croyais entendre les mots du frère d’ Albana : "Laisse-le. Il sera un chauffeur et sera toujours dans les rues".      
 Sans le comprendre je voyais rouge et je balbutiais : " Eh ! Je vais te convaincre. Mais c’est aussi à Albana de décider elle-même..."    
 Le camion roulait, et de temps à autre on entendait le Klaxon. A ces moments je rêvais du jour où j'allais prendre le camion en charge et où j'irais partout. J'avais dit aussi à Albana que nous irions une fois ensemble. Plus tard, avec les enfants !

1968

L’Etoile du  berger

Les nuages ont commencé à descendre des montagnes. Ils sont allés vers l’ouest et se sont fondus dans les couloirs des saules où fait paître le bétail, en laissant des bêlements joyeux.
Un vent fulgurant a commencé de souffler et le ciel est devenu noir. Il paraissait qu’une grande averse allait fêler. Et en fait, une pluie fine de courte durée a commencé de pleuvoir, ensuite elle était plus forte.
Le jeune berger, un garçon  au corps élancé, avec des guiches tombées sur son front et avec des joues potelées, était inquiet. Il a tiré encore une fois sur la cigarette et ensuite l’a jetée sur l’herbe épanouie. Il a mis le livre et son pipeau profondément dans sa poitrine.  
Sur ses pommettes et du cou au dos ont coulé des ruisseaux de pluie. Il a mis le hoqueton sur ses épaules et a serré le capuchon sur la tête. Il a jeté son regard autour de lui. Des montagnes descendaient de grands ruisseaux sur la prairie verte. Le ruisseau qui passait tout près s’est vite rempli.  
“ Le ruisseau est devenu terrible. Je dois diriger le bétail dans un sentier. On ne peut pas croire à ce temps ”- a dit il en sourdine.  
Le chien restait immobile. Le bétail était dirigé vers le berger et l’avait encerclé. Même les petits agnelets qui peu de temps avant  sautaient et bondaient comme des petits enfants quand ils sortent dans les plaines, maintenant se cachaient  chez les brebis qui avaient une apparence  morose. Leur laine qui d’habitude brille comme si elle était oindre avec de l’huile, était enroulée, parce qu’elle était mouillée.
La pluie est devenue plus torrentielle. On ne voyait aucun pas plus loin.  
Le berger a poussé les brebis avant, il a marché entre les noiseraies d’où de tous les côtés soufflait le vent impétueux. Il pensait en sourdine : “ Oh, diable ! Aujourd’hui je devais garder le bétail près de la bergerie. Pourtant, personne ne sait les caprices de ce temps. Le matin, le temps s’était éclairci ”.  
Il se rappelait quand il s’était levé, le moment où l’étoile du matin était à peine sortie et il avait poussé le bétail vers le pâturage. De ce côté du ruisseau, le pâturage était mieux que de l’autre côté. Même son père lui disait toujours : “ Amène le bétail à de bons pâturages. L’herbe est comme un médicament pour lui ”.  
En même temps, du ruisseau et des saules venait une odeur fraîche qui te réjouis. Les agnelets étaient très contents le matin ! Ils sautaient comme les enfants à la cour du jardin d’enfant. Lui même, assis au pied d’un arbre, jouait avec son pipeau une mélodie joyeuse, il était content quand il voyait cette vue magnifique et il se souvenait des paroles de Naim Frashëri : “ Dans les plaines et les collines sont dispersés les agneaux… ”
Les muscles du visage lui ont commencé à bouger. L’éclair a éclaté et les arbres ont commencé à bouger avec force, à cause du vent  qui fouettait.  
Petit à petit la nuit tomba. Tout est devenu noir. Lipe, avec la houlette dans la main s’efforçait d’éloigner le bétail du bord du ruisseau. Il savait qu’il ne pouvait être maîtrisable. “ Le mal est fait pendant le moment que tu frottes les yeux ”- disait-il souvent. Il ne fallait pas qu’un agneau parte, parce qu’après il ne pouvait pas tenir les autres. Tous pouvaient sauter l’un après l’autre et il pouvait restait avec sa houlette dans la main. Le bétail était la richesse de ses compatriotes qui lui avait laissé pour prendre soin. Qu’est ce qu’ils diraient si une seule brebis perdait ? Eux, ils avaient toujours exprimé leur confiance en lui, pour la sollicitude qu’il affichait. Les brebis de son troupeau avaient tous produit et donnaient beaucoup de lait. Il était jeune, mais de ceux qui avait les petits côtés du bétail dès qu’il était petit. Jamais il n’avait rougit son visage. Et maintenant il ne voulait pas rougir.
Son corps sentait la fraîcheur de la terre. L’herbe bruitait sous ses jambes. Le vent, mêlé avec la pluie, battait son visage calciné par le soleil.  
Les fils électriques qui étaient à peine installés sur les poteaux, ne se distinguaient plus. Seulement quand ça brillait, il les distinguait. Après, son regard allait chez les saules, l’herbe mouillée et le ruisseau. Le ruisseau coulait impétueusement et avait commencé à raviner ses bords. -  Je ne peux pas trouver un gué, parce que le ruisseau arrive au-dessus des bords ”- a pensé Lipe. “ Je dois me diriger vers le petit pont. Mais comment on peut le trouver quand il faisait comme une nuit noire. Est ce que je l’ai laissé derrière ? Et s’il était déjà tombé ? ”- il avait ces pensées dans la tête quand il tirait le bétail autour de lui. Il lui paraissait comme si pour la première fois il se trouvait dans un chemin sans issue.    
La pluie continuait à pleuvoir. Il faisait froid. Le bétail tremblait. Surtout les agnelets qui n’étaient pas encore habitués. Lipe les voyait et cela lui faisait mal au cœur. Il lui paraissait comme s’il avait devant lui son petit fils, Nasi qu’il aimait beaucoup. En fait pour lui, il était tranquille. Nasi était à la maison, peut-être en lisant une revue “ Fatosi ”, ou en jouant avec des jeux dans la chambre chaude.  
Tandis que les agnelets essaient de se chauffer dans le corps de leur mère, mais il ne pouvait pas.    
Lipe s’est approché d’eux et a commencé à les caresser pour les encourager.  
Il a jeté encore une fois son regard vers le ruisseau furieux. Ses yeux noirâtres sont devenus plus sévères. Il l’avait passé même quand il a gelé. Maintenant il était devenu furieux et cela l’embêtait. Il ne pouvait pas faire passer le bétail. Pourtant, le ruisseau avait ses bons côtés à ce moment. Le village avait construit un petit barrage.
Tout d’un coup son chien écoute de toutes ses oreilles, minaude son queue et  commence à hurler comme s’il voulait pleurer. Ensuite, il ne s’est plus retenu, il s’est jeté là où on voyait un ombre et a commencé à se colleter avec lui.
Les brebis se sont pliées l’un près de l’autre.
“ Le loup- a dit en sourdine Lipe, et il est allé vers le chien. “  Il pourra attaquer le bétail, le malheureux comme des pierres. Mais non, Lipe ne te laisse pas de faire comme tu veux ”.  Le chien avait  enfoncé ses dents à la nuque du fauve et ne le laissait pas. Le loup s’ébrouait enragé et s’efforçait de se détacher.
D’une manière fulgurante Lipe a jeté le hoqueton sur le loup et lui est tombé dessus, ensuite tout d’un coup il a sorti le couteau et l’a poignardé deux ou trois fois sur le hoqueton.  
Un fort hurlement a été entendu et le loup s’est écroulé par terre.
- Je t’ai eu- a crié Lipe. – Lipe ne perd pas la face facilement, il est un vieux dur à cuire.
- Il lui a tiré encore une fois avec une pierre dans la tête, l’a pris par les pattes et l’a traîné.
La pluie continuait à tomber et avait coulé dans la nuque du berger.
“ Sans ne fait rien, dès que j’arriverai chez moi, je vais me changer ”-a dit t-il en sourdine. Ensuite en tournant la tête vers le loup qu’il le tirait derrière, a dit lentement : “ Ce n’est pas pour rien qu’on dit que le loup est né pour pratiquer la rapine, mais aussi pour rapiner ”.  
Il a hoché la tête et a sourit. Balo qui restait tout près, a minaudé et a léché la langue. Lipe l’a caressé.  
Ensuite il s’est approché des brebis, les a encouragé et les a poussé avant. Il avait appris leur langue. Il n’avait plus peur qu’ils allaient partir. Maintenant, il fallait qu’il trouve le pont…

x x x

De loin Lipe a remarqué briller des lumières. Après il a entendu des aboiements de chiens et des voix des hommes. Lipe a tendu l’oreille à ces bruits qui devenaient de plus en plus près. Ses doigts âpres qui tiraient  la corde, avec laquelle il avait lié le loup, ont commencé à devenir plus énergiques. Il a senti que sa poitrine était plus calme.
“ Est ce que ce sont les copains ?! ”
Son visage est devenu souriant quand les autres bergers se sont approchés avec des lanternes dans les mains. A ces moments, il voulait tous les embrasser. Des hommes avec un caractère solide. -Lipe, Lipe ! Où était tu ? Où était tu perdu ? – a dit l’oncle Trifon, le plus vieux berger et il a haussé la lanterne pour mieux regarder Lipe. – Et celui-là c’est quoi, une brebis ? Brave, c’est un loup. Comme je vois tu as eu des problèmes, aimable garçon. Mais tu l’a eu ”.
Et il l’a embrassé.
- Je vous ai dit ? On ne peut pas battre facilement Lipe. Prenez-lui le loup, parce qu’il est fatigué.
- Non, oncle Trifon, je ne sens pas la fatigue – a répondu Lipe en souriant. Il était devenu plus vivant dans son visage et avait oublié la fatigue.
- Venez, mes enfants ! Emmenez le bétail vers le pont ! Nous buvons un peu ce soir, pour fêter cet événement.  
Après, l’oncle Trifon s’est approché de Lipe et lui a mis la main autour de son cou. Le bétail a suivi le chemin vers le pont. Les chiens continuaient à aboyer, comme ci ils voulaient répandre la bonne nouvelle. Le chemin était devenu lumineux par les lanternes. Après un moment on a remarqué les lumières du village.

Le cinéaste albanais Bujar Kapexhiu et le portrait du grand Freddy Buache

Nous étions assis sur la terrasse de la Cinémathèque suisse à Lausanne. Ce soir-là nous organisions les “ Jours du cinéma albanais ” avec le concours de la Cinémathèque suisse. Près de nous était assis le cinéaste d’une renommée mondiale Freddy Buache qui discutait avec une passion particulière de l’évolution du cinéma au cours des années. Il encourageait nos cinéastes quand tout d’un coup, sans nous rendre compte, notre artiste et peintre Bujar Kapexhiu qui dessinait sans arrêt, lui a donné son portrait qu’il a fait en une minute. J’ai vu Freddy Buache se lever et  embrasser avec beaucoup d’affection Bujar. Avec ses cheveux longs d’un artiste et avec les yeux expressifs, le portrait était très bien réalisé et donnait une nuance très particulière aux traits très beaux du grand homme du cinéma. Le cinéaste suisse était vraiment touché. La soirée a passé avec les toasts pour l’amitié entre les deux peuples ainsi pour les échanges entres les deux cinémathèques. La cinémathèque ce soir-là était pleine d’amis suisses et albanais qui ont apprécié les films projetés…

How to cure the blood illness, Thalassemia ?

Thalassaemia International Federation (TIF), which includes 91 Countries, is searching after new data for treatment and therapy of people suffering from Thalassaemia, knowing that the greater part of them are children. Representatives of this Federation are mainly focused in the following points: discovery of methods, for tissues that may improve haemoglobin recovery in red cells; finding of new oral medicaments; Bone-Marrow Transplantation or main cellules; and the genetic therapy to replace the Thalassaemia genes, with normal ones.

Beta Thalassaemia is one of the widespread genetic illnesses in the world. The WHO estimates that the number of inborn children affected by this illness is over 100.000. Thalassaemia is an inherited blood disorder. It reduces the quantity of haemoglobin in the body, bringing about the inability of red cells to deliver oxygen where it is so necessary. This causes anaemia (lack of blood) and if not treated, the heart and other organs in the body will "cease" working because of the lack of oxygen. The frequent blood transfusion is the only functional medicament used for Thalassaemia. It should be received every 3-4 weeks. The aim of transfusion is to keep the level of haemoglobin in almost normal indicators replacing the empty corpuscle, with new healthy ones. This kind of treatment called "hyper transfusion' may reduce the anaemia and ensure the normal quantity of oxygen to connective tissues. This allows the children suffering by Thalassaemia to normally live and grow up.Since the beginning of the discovery of this illness, by the American doctor Cooley, from whom the illness has the name (or the prestigious American Foundation, known in all the World “Cooley’s Anemia Foundation”), or “Thalassemia Major”, Mediterannean Anemia”, the success and the steps in the direction of the treatment are visible.
However, the repeatedly blood transfusions may cause the increase of iron quantity in the body affecting heart, liver and other organs. The suitable method used until now to remove the excessive quantity of iron from the body is a medicament named Desferal or oral Ferriprox. (L1) and at last EXJADE, produced from “Novartis”, based in Bazel of Switzerland. His director Dr. Daniel Vasella done a very good and human work in the struggle against Thalassemia, but also to find other medicines for the other genetic illnesses.

Thalassaemia International Federation (TIF), with its headquarter in Nicosia, Cyprus,  “Cooley’s Anemia Foundation, in New York, the WHO, with its headquater in Geneva, Switzerland, and the regional Offices por Europe, Denmark, and the other Offices coverning the continents of the World, are doing a pleasurable and worthy work for dissemination of new information on Thalassaemia, not only in main medical centres but also in far villages and countries having no specialized centres, where doesn’t exist any more the specialized Centers for Thalassemia.

The May 8 of each year, the commemoration of the struggle against Thalassemia

Each year on May 8th, the Thalassaemia International Federation (TIF), the World Health Organization (WHO) and also Talassemia associations all over the world, including Albania, commemorate the day of Talassemia, this genetic based disease, inherited, which touches ten thousands of children every year all over the world, especially in the Mediterranean areas but also further more as a result of immigration of the population. The Thalassaemia International Federation, centered in Nikosia, Cyprus, plays a big role regarding the diagnosis and spreading the news about Talassemia, which go not only in the important centers of Talassemia but also in the remote areas where there still are not any specialized centers. There are 91 countries included in this Federation with their Talassemia associations, scientists and individuals, doctors in Europe and all over the world including Albania. TIF brings together many seminars and it has a large program of medical education that starts from the genetic consultation and the prenatal diagnosis given to families, full medical news to help the children be healthy.

Also it gives every so often different news regarding the appropriate clinical treatment of Talassemia, in all of its forms. The book" About Talassaemia" it's published also in Albanian, which is written by the scientific headmaster of TIF, Dr. Androulla Eleftheriou, which is going to be a valuable guide to Talassemia patients and also for the medical personnel.

Because after the international Conference on Thalassemia in Dubaï, January 7 to 10, 2006 there are improvements in the diagnosis and treatment of Talassemia, we have had many promising messages which I would like to bring some optimistic messages.

Here is what the famous American professor, Alan Cohen, writes recently "Now we have benefited a large experience regarding the bone marrow transplant in older patients with Talassemia Major. The most important thing is that they used the chelator and to have an appropriate donor. Patients can choose between continuous transfusions with chelators, or the transplant. Centers in Italy, Pesaro have a larger experience regarding the transplant in the older patients……"Regarding the bone aching in Talassemia patients, in Europe and USA there already is a treatment with bisfosfonate. Calcium and Vitamin D are a part of the therapy. Celebrex and other rugs can reduce the pain and inflammation but they cannot solve the bone problem. A good transfusion program and if needed a hormone therapy are an important part of the treatment about the bone problem in Thalassemia.

Professor Javid Gaziev, close cooperator of Prof. Guido Lucarelli known in the world as the father of transplants in Thalasemia patients writes:"Not long ago we analyzed the results in 60 patients with Thalasemia major that do not have compatibility BMT without the possible donors. This is a multifaceted study. The results of this study showed that the 1st and 2nd class of patients (with a small and medium risk) had an 85% possibility of life but the result of transplant in the 3rd class had no success. I am going to send the new summary of transplants about hemoglobinapatit in the future.

Dr. Androulla Eleftheriou, scientific headmaster of the Thalassaemia International Federation in a recent message emphasis:"Patients with Thalassemia should have their hemoglobin level before the transfusion between 9-10.5 g/dl but it should never be under 9. "

The famous British professor Bernadette Modell, author of many books writes among other things: The oral chelators L 1 and Ferriprox are in reality the same drug. Now we are waiting to see the effect of the new oral chelator ICL670 compared to Desferald and Ferriprox. A treatment through continuous transfusions it's more beneficial because it lowers the amount of iron. "

The research for the genetic therapy is going forward in USA as a possibly of treatment for many diseases. Regarding Thalassemia this possibility is now being studied in laboratories. Scientist are studying this technique to make it possible in humans.

Messages about the clinical treatment of Thalassemia are abundant and promising. Scientist are working with this matter but the results will depend on the acceptance of the clinical treatment from thalassemia patients, to find out then for an effective treatment.

Many people living in the Middle East, in Africa and Pakistan or in South Asia the  Thalassemia in their genes. It is present in those regions because it help the carriers against malaria. This is seen rarely in Northern Europe. But because of the migrations it is also present in USA, Canada especially in the recent years. It is also spread in Greece, Cyprus, Albania, Italy, France and in other countries in Mediterranean. Thalassemia is also found in ethnic population with different backgrounds so it cannot be prescribed only as a Mediterranean disease.

Beta Thalassemia is one of the most spread diseases in the world. Every year more than a 100000 children are born from this disease as a lack of treatment. That's why in the future a simple therapy should be found so it is more effective.

Thalassemia is a hereditary abnormality of blood. It lowers the amount of hemoglobin in the body and as a result not enough oxygen can be sent where it is needed. This causes anemia and in a case that is not treated, the heart and other organs in the body are gonna stop functioning as a result of the lack of oxygen. In case the Childrens with Thalassemia B are not treated the anemia becomes bad, the child does not grow and then the other organs like the heart and kidney grow more than necessary. The marrow (the tissue that makes the red cells) grows inside the bone and tried to make red cells that are not good. These red cells that are made do not have enough hemoglobin and many of the tisues die without ever producing bone marrow. The expansion of the bone marrow weakens and deforms the bone.

The only cure that is available right now for cure is the blood transfusion. It should be done every 3 to 4 weeks. The blood transfusion tends to keep the hemoglobin level almost normal to replace empty erythrocytes with healthy new ones. This form of treatment called hyper transfusion can:

- Lower anemia and make sure that the tissues take normal amount of oxygen. This makes it possible for children with Thalassemia to live and develop normally.

- Makes it possible that the bone marrow to repose so that the bones can develop normally and become stronger and this also prevents possible aberration of the face.

But also repeated blood transfusions can cause accumulation of iron in the body, which can damage the heart, the liver and other organs.

The famous professor Jean-Philippe Assal says you can learn to manage your own disease. He created the first unit of medication in Europe and lesson for diabetes, and later on he became a pioneer of therapeutical education.   He is the headmaster of an OMS center, and also gives a big help from his experience, helping patients and the medical personnel all over the world. He says:"The patient should know that he suffers from a chronic disease in order to manage his own disease, should be helped living better having this disease. A patient that manages his own medication prevents complications, improves his quality of life and is more independent from the doctors, knowing that has the disease."What professor Assal says should be kept in mind from the doctors and medical personnel that take care of Talassemia patients, for an appropriate clinical medication that includes regular blood transfusions, and also intake of an iron eliminator. Often patients of Thalassemia, tired from the medication, forget to take the injection of Desferal or Deferipron, Ferriprox or L-1, (that is the same iron eliminator); often when they cannot go to the hospital because of some activity they have to do, and they cannot check the levels of hemoglobin they are tired for entire days. It is important the role of the doctors and medical personnel. They need to remind the patients of the importance of an appropriate clinical treatment, if they want to live a long life and in optimal conditions. In this way they would be more prepared for the new ways of treatment of Talassemia, the bone marrow transplant etc.

Everybody should know that now work is getting done in many directions:

1. There is a big concentration in finding the tissues that might increase the production of hemoglobin in erythrocytes2. New medication that are more effective, especially the ones that can be taken oral

3. The bone marrow transplant

4. The genetic therapy to replace the Thalassemia genes with normal genes.

The Thalassaemia International Federation is very interested to find the more effective ways to help Albania regarding the diagnosis of this disease in the patients, and for the clinical treatment not only in the bigger cities, but everywhere that this disease is present in minor or major forms.
A delegation is soon coming to Albania, and there are going to be translated n Albanian books regarding the appropriate clinical treatment of Thalassemia. Mr. Pano Englezos, President of TIF and Dr. Androulla Eleftheriou, Scientific headmaster of TIF, are predisposed to help the Albanian medical personnel in the most effective ways, to manage and prevent the disease that touches areas in south and middle Albania. Regarding this matter, TIF thinks that has the support of health care department, and also of the Albanian personnel who does an excellent job and has had a big experience in the treatment of hemoglobinopathies, and the coherent international experience.

May 8th, with the support of the World Health Organisation (WHO) and TIF, is the Thalassemia day where every where in the world is seen what is done in fighting this disease that is present in Albania, nearby countries and other ones in the world. Many foundations and the Albanian Diaspora have started in helping insert coherent techniques in those areas in Albania where appropriate means of treatment are still unavailable. Let's hope that Albanian businessmen and other Albanian citizens in Albania and Diaspora, through this message periodical will give their contribution to the Thalassemia Association, for institutions and medical personnel that take care every day for all the patients that are touched from this genetically disease.

HOPE FOR NEAR THE FUTURE

Diary of a « professor » of Thalassemia

I begun this diary, since 1981, when I heard for the first time about Thalassemia, an inherited disorder. It was a discouvery for me. Year by year, I noted all about this hereditary illness and today I decided to give you, my impressions, my love, my experience and to express my gratitude for all of them, who done and continue to give from their live, for a better treatment to fight Thalassemia, and perhaps we will see a day a cure for Thalassemia. Also for the other genetic illnesses and in general, for the Haemoglobinopathies illnesses. About 100,000 babies worldwide are born with severe forms of thalassemia each year. Thalassemia occurs most frequently in people of Italian, Greek, Albanian, Middle Eastern, Southern Asian and African Ancestry. All the diary contain my personal notes and some times, a doctor, a professor, I can imagine, perhaps will tell me : so, it is a good diary, but also, it was better to write more about this treatment, concerning the chelators, the transfusions, the transplant of steam cells, the ombilical cordon, the gene thepary.

I now that the best book doesn’t exist, because each human is not perfect. But as a christian that I am, and as a muslim that are some of my friends, we all together will find until the end of our life, step by step, our best words to express our experience in the common struggle against Thalassemia.

First of all, I wish to express my gratitude to the staff of « Cooley’s Anemia Foundation » in New York, who open their door for me since 1984. After, I heard from CAF that in Europe exist another succesful Federation, who cover the struggle against Thalassemia : the Thalassaemia International Federation (TIF) in Cyprus. Also « About of Thalassaemia » (Dr Androulla Eleftheriou, TIF).

During 25 years, I had and I continue to have the support of the all doctors in the world, who give me the Hope for the near future, in the struggle of the treatment of Thalassemia. The history of Thalassemia is closely related to the word Thalassemia originates from a Greek world « Thalassemia » which means sea. Other names for Thalassemia are : « Cooley’s Anemia », « von Jaksch anemia », named after the American physicians who first diagnosed it or sometimes called « Mediterranean anemia ». First of all, the history of Thalassemia is closely related with the United States, where the doctor Cooley discovered this illness, but also related to the island of Cyprus. I wish to mention, especially M. Panos Englezios, Chairman of Thalassaemia International Federation, who received me in Limassol on March 2004, and I express him my all gratitude for encouraging me to continue our common struggle against Thalassemia. No words seem appropriate to describe the heavy veil of pain that has fallen upon his familly, relatives, friends, collaborators and thalassemics all over the world, when his son died some years ago : the ending of George’s life at 27 years of age, was an unexpected blow to all of us. All flowers of May 8, were picked up to cover the tomb of this young man, gifted with an exceotional personality, full of energy and creativity. He proved himself in no time a valuable member not only in his business but also in Cyprus’ society. « Full of concern and interest for the Thalassaemics, as said Doctor Androulla Eleftheriou, Scientific Director of TIF, he stood by his father’s side, hand by hand, during all struggles against Thalassaemia ».

I am an Associate Member of Thalassaemia International Federation and Consultant of the Chronic Diseases Foundation in Geneva. I red too much about the experience with the the bone marrow Transplantation of the honourable Professor Guido Lucarelli, who is known in all the world. This example is very appreciated by myself, also by the other Thalassaemic patients not only in Switzerland, but also in France, in Albania, in Greece, in Italy, in Cyprus, in USA, in Great Britain and so on.

As I published more than 5 books, and in the three of them, I spoke also about Thalassaemia, the struggle of TIF, CAF, of the professor Guido Lucarelli, and the doctors in all the world, it will be a pleasure for me to mention you in some pages of my new book "Hope for the near future" about this useful book. Prof. Photis Beris a very good Haematologue, prof. Jean-Philippe Assal, a professor in medecine and member of the Committee of the the International Red Cross and Dr. Daniel Vasella, General Director of Novartis, helped me to much those three years. I express my deepest gratitude to them. In all my life, in the Struggle against Thalassaemia, I will remember my meetings with Dr. Gazetta and the staff of CAF, in the offices in New York, since 1984 and some others years ( at last 2006). I have in my Library the book "Fifth Cooley’s Anemia Simposium" dedicated to the memory of Anthony J. Renda, Jr, and some others publications of CAF. I want to have more from TIF, when I had the pleasure to meet the staff , and they invited me in some of their meetings, because I want to write since now in the newspapers in Switzerland, but also in Albania and in my books only for the struggle of all the patients, the medical staff, the parents, against the illness of Thalassemia. Scientists are working to develop a gene therapy that may offer a cure for thalassemia. Such a treatment might involve inserting a normal beta globin gene (the gene that is abnormal in this disease) into the patient’s stem cells, the immature bone marrow cells that are the precursors of all other cells in the blood. Another form of gene therapy could involve using drugs or other methods to reactivate the patient’s genes that produce fetal hemoglobin - the form of hemoglobin found in fetuses and newborns. Scientists hope that spurring production of fetal hemoglobin will compensate for the patient’s deficiency of adult hemoglobin. Let’s hope all together that God will help us....In the near future I will begin the story... the diary of a simple man, professor of the French Language, international servant, cultural mediator and journalist about the steps in the treatment of Thalassaemia, since 1981. I will you a good reading and please don’t hesitate to write me your critics and your impresssions...

2006



(Vota: 0)

Komentoni
Komenti:

Video

Qazim Menxhiqi: Niset trimi për kurbet


Gallery

Pëllumb Gorica: Magjia e bukurive të nëntokës sulovare
Fotaq Andrea: Një vështrim, një lot, një trishtim – o Zot sa pikëllim!
Pëllumb Gorica: Grimca kënaqësie në Liqenin e Komanit
Shkolla Shqipe “Alba Life” festoi 7 Marsin në Bronx
Kozeta Zylo: Manhattani ndizet flakë për Çamërinë Martire nga Rrënjët Shqiptare dhe Diaspora